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 Tiempos Modernos: Revista Electrónica de Historia Moderna > Vol. 3, No. 8 (2002) Portal Mundos Modernos | RedIRIS 

Un homme entre deux mondes : la vie mouvementée de Don Philippe d'Afrique, prince de Tunis (1627-1686)

par Matthieu BONNERY

Universidad de Toulouse

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En 1270, Saint Louis meurt de la peste sous les murs de Tunis assiégée. C’est la première fois qu’un souverain chrétien tente de s’immiscer dans la vie de cette région de l’Afrique du Nord. Par la suite, les rapports entre la Tunisie et les Etats européens iront de l’entente cordiale au conflit ouvert. Durant la deuxième moitié du XVIIe siècle la ville, devenue durant les années précédentes une opulente régence corsaire, tente de conserver son autonomie dans une Méditerranée qui devient un enjeu européen [1] . Au même moment, la Tunisie traverse une période politique  troublée : révolutions de palais et guerres civiles se succèdent. Au cœur de cette agitation, la chance semble pouvoir sourire aux audacieux qui voudraient se placer dans la course pour le pouvoir. C’est le cas d’un certain Don Philippe d'Afrique qui a intrigué pendant une quarantaine d’années avec un seul objectif : devenir roi de Tunis en demandant l’aide des Espagnols, puis des Français et même des Vénitiens.

Je me suis intéressé à ce personnage, lors du dépouillement du legajo 4159 de la série Estado de l’Archivo General de Simancas [2] . Cherchant des informations relatives aux opérations navales en Méditerranée à la fin du XVIIe siècle [3] , je me suis trouvé face à un courrier n’ayant à priori rien à voir avec le reste du dossier. Il s’agissait d’un rapport remis par un secrétaire au plus haut des conseils de la monarchie espagnole [4] . Il reprenait la proposition d’un espion milanais, mandaté par un prince musulman qui proposait au roi Philippe IV de l’aider à prendre le royaume de Tunis. Certains signes m’ont fait comprendre que ce document était inédit et n’avait à priori jamais été consulté : le fait qu’il ne soit pas inventorié (même si les catalogues sont loin d’être exhaustifs) et surtout qu’il comporte un croquis des fortifications de Tunis. Or, si ce courrier avait été manipulé auparavant, ce dessin aurait obligatoirement été versé à la série Mapas, planos y dibujos qui, à Simancas, regroupe l’ensemble des sources iconographiques. J’ai donc voulu comprendre qui était ce prince. Malgré tous mes efforts, il m’a été impossible de trouver dans l’ensemble des ouvrages contemporains consacrés à la Tunisie une quelconque référence à un Don Philippe, prince tunisien. Un seul travail existe ; il date du début du XXe siècle [5] . En note, les références de quelques ouvrages du XIXe siècle, période où « se multipliaient les sociétés savantes, les sociétés des Antiquaires et les académies, qui publiaient des monographies sur l’histoire religieuse, l’hagiographie, l’histoire de l’art ou l’histoire locale [6] ». Après un court résumé de la vie du prince, on trouve publiées 15 lettres d’origines diverses. Ce corpus, mis en relation avec le courrier du Conseil d'Etat, a permis de comprendre un peu mieux la psychologie du personnage.

Une autre difficulté qui se présente à celui qui travaille sur l'Afrique du Nord à l'époque moderne est l’énorme déséquilibre qui existe entre la bibliographie consacrée à la région au XVIe siècle et son équivalent pour le XVIIe siècle. Ainsi, « la liste des ouvrages historiques du XVIe siècle qui traitent de ces questions est bien longue, plus longue encore la liste des ouvrages modernes [7] » disait Fernand Braudel en 1928. L’auteur de La Méditerranée a lui même d’ailleurs contribué à ce déséquilibre en présentant l’Afrique du Nord comme un simple enjeu de la lutte entre les deux empires de la période, en fixant comme limite à son étude la première trêve de la fin des années 1570 ( malgré le fait qu’elle n’ait pas été ressentie comme telle par les contemporains) et en privilégiant le militaire comme moyen de contrôle de cette région. Il donne de plus une vision clairement négative de la tentative des Habsbourg de s’insérer durablement de l’autre coté de la Méditerranée, notamment à cause de la politique trop prudente de Philippe II. A sa suite, les historiens ont longtemps analysé le Maghreb comme un champ de bataille entre Madrid et Istanbul, entre la Croix et le Croissant, et se sont donc naturellement tournés vers le XVIe siècle. Aujourd’hui, de nombreux chercheurs réclament une révision historiographique, au premier rang desquels Buñes Ibarra [8] . Il n’en reste pas moins que pour ces raisons, le XVIIe siècle est, pour l’Afrique du Nord, clairement sous-représenté dans la bibliographie et on ne peut qu’encourager de nouveaux travaux.

Du fait de la spécificité du personnage, de son coté machiavélique presque caricatural, il est bien évident que cette étude s’appuiera avant tout sur les sources et présentera la vie de ce prince, sans réelle volonté de la replacer dans une problématique plus globale. En raison de leur coté inédit pour certaines, exceptionnel pour d’autres, il m’a semblé que je devais travailler les sources et, « finalement les éreinter tout à fait, les user jusqu’à la corde [9] » pour en dégager l’esprit de Don Philippe d'Afrique. Ainsi, je présenterai dans un premier temps le royaume de Tunis et ses liens anciens avec l’Europe, puis la vie du prince de Tunis dans ses grands traits, ce qui permettra de comprendre que l’on a ici affaire à un homme d'exception, avant de me pencher sur son titre si souvent rappelé au fil des correspondances. Don Philippe est aussi un prince musulman qui participe à la vie de la régence, mais n’en renonce pas à pour autant à ses prétentions. Nous nous pencherons ensuite sur l’aspect purement militaire de la proposition faite aux Espagnols, avant de voir les offres à Louis XIV et aux Vénitiens. Enfin, on tirera un bilan de la vie du prince.

I. La ville de Tunis : du commerce à la course

Afin de comprendre comment un prince musulman peut changer de religion, rencontrer les plus hauts représentants politiques européens, retourner en Tunisie et continuer à intriguer jusqu’à sa mort, il faut auparavant s’interroger sur les rapports qu’a, depuis longtemps, entretenu cette région d’Afrique du Nord avec les puissances européennes. Ces liens sont anciens, mais c’est surtout au XVIe siècle que le royaume devient un enjeu majeur de la lutte entre l’empire ottoman et l’Espagne, avant d’acquérir son indépendance au XVIIe siècle et de devenir un actif foyer de course.

Il n’est pas ici question de résumer deux siècles de présence européenne en Afrique du Nord mais, à contrario, il serait vain de tenter de comprendre les propositions de Don Philippe sans connaître l’histoire mouvementée de son pays. Au Moyen-Age déjà, la poudre d’or est extraite en Afrique Noire puis acheminée vers la côte par caravane. Là, « les Catalans et les Italiens l’achetaient à Tenez, à Oran ou à Tunis contre de la vaisselle de cuivre, des coquillages (les couries) et des perles de verre coloré [10] ». Au XVe siècle, l’Afrique du Nord entretient de bonnes relations commerciales avec l’Espagne et toute l’Europe, et ce malgré la Reconquista. L’or africain devient alors « le moteur de toute la Méditerranée [11] ». Toute la chrétienté se presse pour signer des accords commerciaux avec les grandes villes marchandes du Maghreb et échanger métaux, esclaves, produits de luxe et denrées agricoles. La région est également un fournisseur privilégié pour les flottes portugaises des épices (comme elle le sera plus tard pour les Andalous dans le ravitaillement de la Carrera de Indias). Tlemcen est même surnommée « la ville des marchands honnêtes [12] » et Tunis est « prospère, non pas nid de pirates mais cité marchande, fréquentée assidûment par les marchands de toutes les nations [13] ». A la fin du siècle, des accords sont même conclus entre grands marchands européens et africains [14] . L’Afrique du Nord est donc avant tout, en cette fin de XVe siècle, un partenaire commercial, même si progressivement les Portugais se lancent dans une politique de conquêtes qui a surtout pour but de s’assurer des comptoirs permanents et des points solides sur la route des épices [15] . En 1476 est établi le petit poste de Santa-Cruz de Mar Pequeña sur la côte atlantique du Maroc. Il est considéré comme le premier lieu de présence européenne permanent en Afrique du Nord [16] . La même année, les Espagnols prennent Ceuta [17] . Cette politique de conquête est d’ailleurs très officiellement codifiée entre les deux puissances rivales puisque « la Berbérie était un territoire qui était divisé en zones d’hypothétiques conquêtes entre les Espagnols et les Portugais depuis les premiers traités de partage du monde [18] ». Dés lors, jusqu’au début du XVIe siècle, la Méditerranée est un espace divisé en deux zones parfaitement définies dont Tunis est le point central [19] . A l’est dominent les Vénitiens et, dans une moindre mesure, les Génois. A L’ouest, les Portugais et les Espagnols se livrent une guerre commerciale acharnée dans laquelle les Lusitaniens s’essoufflent peu à peu.

Tout change au début du siècle. A ce moment s’opère un glissement de l’Atlantique vers la Méditerranée. La lutte entre l’Espagne et le Portugal tourne court, alors que celle contre le Turc commence [20] . En 1516, l’Egypte tombe aux mains des sultans. L’empire ottoman, qui était jusqu’alors une puissance essentiellement terrestre, doit mettre en place une marine capable d’assurer les communications avec ses nouvelles possessions. Les corsaires musulmans, qui constituaient la principale force navale turque et luttaient activement contre les Chrétiens et les Mameluks, n’ont plus alors que deux choix : s’intégrer à la nouvelle marine officielle ou trouver d’autres territoires de course. C’est ce dernier choix que font quelques aventuriers qui trouvent alors sur les côtes tunisiennes, surtout à Djerba, un excellent mouillage [21] et ne tardent pas à gêner les intérêts espagnols. Ils se transforment « en champions des chefs islamiques de Tunisie et d’Algérie en expulsant les Espagnols de Bougie et d’Alger, et empêchent que les pêcheurs de corail et les marchands puissent faire leurs affaires en Berbérie [22] ». Dés lors, les raisons qui poussent l’Espagne à s’impliquer plus directement en Afrique du Nord sont compréhensibles. La première est économique : les intérêts des grands marchands andalous sont menacés. La seconde est religieuse. C’est d’ailleurs, à l’époque, la justification donnée par les dirigeants qui voient dans la conquête de l’Afrique du Nord la suite logique de la Reconquista [23] . Enfin, il paraît impossible à l’Espagne de tolérer l’émergence de foyers de course si prés de ses côtes, à Alger et Tunis en particulier. En 1505, la première offensive espagnole est la prise de Mers El-kébir. En 1508, c’est le Peñon de Velez, en 1509 Oran, en 1510 Alger, Bougie et Tripoli qui tombent [24] . En 1511, les Ibères subissent un échec devant Djerba, mais il semble bien que les moyens et l’énergie mis en œuvre puissent rapidement conduire à un contrôle espagnol sur l’Afrique du Nord, d'autant plus que les conquêtes sont facilitées par la faiblesse des pouvoirs locaux et la supériorité des armes à feu [25] . Le dynamisme dans la lutte est d’ailleurs commun à toute la façade méditerranéenne : Andalous et Portugais s’associent souvent pour monter des raids sur l’arrière-pays marocain [26] , et les grands nobles eux-mêmes sont intéressés à l’entreprise africaine ( en 1497 par exemple, le duc de Médina-Sidonia prend Melilla grâce à ses vassaux [27] ).

Pourtant, dans le même temps, la menace corsaire se précise. Les frères Barberousse, maîtres de Djerba, ont besoin de La Goulette et de Tunis car seul le port du royaume peut leur fournir les infrastructures nécessaires à la construction et la réparation de leurs navires, et seuls les riches marchands de la ville peuvent leur permettre d’écouler leurs prises [28] . Pour s'attirer ses faveurs, Barberousse « fit grand présent au roi de Tunis, Muley Mahamet, d’artillerie, de chevaux, d’esclaves et d’autres choses avec lesquelles il gagna sa volonté [29] »; un accord est conclu, même si le monarque sait que les Barberousse servent l’empire ottoman [30] , et le roi offre à son nouvel allié deux fustes supplémentaires pour partir en course [31] . Rapidement, Aroudj Barberousse devient la terreur de la Méditerranée occidentale. En 1515, il assiège Bougie qui manque de tomber. L’année suivante, il est proclamé roi d’Alger et se retrouve donc à la tête d’une cité dont il va progressivement orienter l’économie vers un seul objectif : la course [32] . En 1518, l’aîné des frères est tué par les Espagnols d’Oran mais le cadet Kheir Ed Dine prend la suite et, après un échec espagnol devant Alger, se soumet au sultan pour bénéficier de sa protection et de sa puissance financière. Dés lors, le corsaire est officiellement investi de la mission de porter la guerre contre l’Espagne et le roi de Tunis [33] . En 1522, ses forces reprennent le peñon de Velez, en 1526 il saccage Tunis, en 1529 il reprend le peñon d’Alger, dernier bastion chrétien dans son aire d’influence directe. Enfin, il propose au Grand Turc de prendre Tunis. Pour lui, l’opération serait aisée car le roi Muley Hassan s’est, par ses actes de cruauté, son avarice, son rapprochement avec les Chrétiens, totalement coupé de ses sujets et de sa noblesse [34] . En 1534, au prix de durs combats et de lourdes pertes, le corsaire s’empare de Bizerte, La Goulette et enfin de la Casbah de Tunis.

C’en était trop pour l’empereur! Barberousse à Tunis, c'est la menace d’un nouveau foyer de course relayé par une infrastructure solide, d'autant que de par sa position, menace directement la Sicile espagnole et la route commerciale entre les territoires italiens et la péninsule. La prise de la ville facilite la communication entre Alger et Tripoli, mais aussi entre les Régences et Istanbul [35] . A ce moment, c’est bien la menace corsaire qui force Charles-Quint à intervenir en Méditerranée [36] , sous le prétexte de restaurer Muley Hassan dans son droit et c’est  « au maître d’Alger, à Barberousse [37] » bien plus qu’au Grand Turc que Charles-Quint dispute Tunis en 1535. Pour ce faire, il mobilise des forces impressionnantes : plus de 600 navires [38] , rassemblés dans les ports italiens et espagnols, embarquent plus de 34.000 hommes [39] pour s’emparer de La Goulette, que Barberousse a fait fortifier pour assurer un mouillage sûr à ses galères [40] . Les deux belligérants savent qu'il s'agit de la porte maritime du royaume et du verrou pour prendre Tunis.

 La forteresse, « forte de par sa position naturelle, de par le génie des hommes et pour être remplie de Turcs vaillants, de 40 pièces d’artillerie [41] » tombe le 14 juillet au terme de durs combats et d’intenses bombardements qui ont réduit le château à l’état de ruines [42] . Le 22, c’est Tunis qui est conquise, après une révolte des esclaves chrétiens qui précipite la chute de la ville [43] . Un autre fait notable est le début de mutinerie des soldats espagnols devant le refus de l’empereur de leur laisser piller la cité, réputée pour sa richesse. Finalement, après un « sac épouvantable de la ville [44] » qui durera trois jours, Muley Hassan, rétabli sur son trône, conclut un traité très favorable aux Espagnols [45] . La Goulette est devenue un préside chrétien « avec le droit, pour les flottes impériales, d’y séjourner et de s’y ravitailler [46] ». Avant de regagner l’Europe, l’empereur fait raser l’ensemble des fortifications littorales annexes, laisse une garnison de 1.000 hommes sous la conduite d’un Capitaine Général [47] , détache temporairement 12 galères sous le commandement personnel d’Andréa Doria et fait immédiatement venir de Sicile les matériaux de construction nécessaires aux nouvelles fortifications [48] . Toutes ces mesures prises, Charles-Quint s’embarque pour l’Italie. Immédiatement, l’historiographie  s’empare de ce succès pour faire de l’empereur le champion de la Chrétienté, Carolus Magnus, le successeur de Scipion [49] .

Pourtant, il semble que « Charles-Quint n’avait (…), en s’éloignant des rivages tunisiens, aucune illusion sur la solidité de son œuvre [50] ». Il aurait fallu, pour assurer une présence espagnole durable dans la région, un soutien de la population que seul un roi puissant et respecté aurait pu générer. Moulay Hassan n’était ni l’un ni l’autre. Le roi de Tunis ne contrôle que sa forteresse et doit être constamment protégé par sa garde chrétienne [51] . Dès 1536, des révoltes éclatant un peu partout dans le pays, le Hafside doit en permanence faire appel à Don Bernardino, Capitaine Général de La Goulette, pour obtenir des renforts en hommes. La Goulette devient donc rapidement un point essentiel de la politique espagnole en Afrique du Nord et le préside aura, tout au long de son existence, droit à tous les égards de la monarchie [52] . Entre temps, Charles-Quint avait en 1541 tenté de conquérir Alger [53] mais avait échoué devant la qualité des défenses et les forces mobilisées par la riche cité.

Pour le roi de Tunis, la situation devient chaque jour un peu plus critique. En 1542, Moulay Hassan s’embarque pour l’Italie d’où il compte ramener armes et munitions. Immédiatement, son fils Ahmed se proclame roi, déclare que son père veut embrasser la religion des Chrétiens et leur donner son royaume, aidé par les Espagnols. Le vieux roi tente de récupérer son trône, mais, capturé, a les yeux crevés et finit sa vie en exil, en Sicile et à Naples. La même année, les Espagnols d’Oran échouent dans leur tentative de s’emparer de Mostaganem et, en réponse, toute l’Oranie rompt ses relations commerciales avec la péninsule [54] . La situation est d’autant plus critique pour les possessions espagnoles en Afrique du Nord qu’à l’hiver 1543-1544, la flotte turque hiverne à Toulon et menace directement l’ensemble du bassin occidental. La lutte entre les deux empires passe alors par tous les moyens et, dès 1535, Charles-Quint défend « à tous les marchands de commercer avec Alger et avec les autres ports tenus par les Turcs ; tout le trafic doit passer par Bougie, Oran et La Goulette [55] ». On parle même, entre 1534 et 1545, de tentatives de rapprochement entre l’empereur et Barberousse [56] .

Dans ce contexte, on comprend que la politique méditerranéenne de l’empereur est à présent gouvernée par sa lutte contre Soliman et François Premier [57] . Même si entre 1545 et 1550 les deux empires ont conclu une trêve et que Barberousse est mort en 1545, les corsaires barbaresques n’en continuent pas moins leurs attaques. Ils se sont même trouvés un successeur au maître d’Alger : Dragut, qui se rend maître de Tripoli en 1541 [58] . Durant toute la décennie 1550, la pression turque sur l’Afrique du Nord augmente : les présides sont assiégés (Oran en 1556), certains tombent (Bougie en 1554), les territoires espagnols sont régulièrement attaqués ( en 1558, le pillage de Menorca laisse l’île exsangue). Par ailleurs, les ripostes espagnoles se soldent par des échecs, dont le plus grave est sans doute l’anéantissement du corps expéditionnaire du comte d’Alcaudete devant Mostaganem.

 Malgré tout, en Tunisie, Ahmed se maintient au pouvoir par la peur, avec l’aide des troupes présidiaires qu’il utilise comme de véritables mercenaires [59] . Finalement, en 1570, le roi de Tunis est battu par les troupes de Euldj Ali, roi d’Alger. Il est obligé de quitter son trône et de s’exiler en Espagne. Un évènement extérieur va, sans doute, pousser l’Escorial à reprendre Tunis. En 1572, les Gueux de Mer hollandais commencent à bloquer les accès maritimes des Provinces-Unies. Dès lors, le contrôle de la Méditerranée devient indispensable pour acheminer troupes et argent de Barcelone vers Gênes et Milan pour enfin rejoindre le front du nord par les cols alpins et la Franche-Comté [60] .

En 1573, Philippe II demande à son demi-frère Don Juan d’Autriche, vainqueur de Lépante, de reprendre la ville. Sa prise est aisée. Pourtant, malgré les ordres du roi d’Espagne, qui avait ordonné « de détruire toutes les fortifications, y compris celles de La Goulette [61] » et de redonner le trône aux Hafsides, Don Juan en décide autrement [62] ; il renforce les défenses de La Goulette et veut faire de la Casbah de Tunis une puissante forteresse. Pour ce faire, il laisse sur place 8.000 hommes, les travaux de terrassement et de construction se poursuivent sans relâche, une brève du pape autorisant même à travailler le dimanche [63] . Hélas, malgré tous les efforts consentis, les travaux ne progressent que très lentement alors que dans le même temps arrivent d’Istanbul des bruits alarmants. En effet, « à Constantinople, la perte de Tunis avait, après la défaite de Lépante, provoqué de grands murmures et mouvements d’indignation contre les corrompus, les incapables et les négligents qui furent destitués, certains soumis à de rudes peines [64] ». En juillet 1574, une flotte de plus de 200 galères, 30 galiotes de combat et 40 gros vaisseaux de transport se présente devant La Goulette [65] . Près de 5.000 marins et plus de 40.000 soldats sont engagés dans cette expédition, confiée aux plus grands amiraux et généraux ottomans. Le 23 août, La Goulette tombe, le 13 septembre, Tunis. Le nombre et l’obligation de résultat des Turcs ont fait la différence. Les Espagnols sont décimés, et les survivants réduits en esclavage [66] . La Tunisie devient alors officiellement une province turque.

A partir des années 1570, les deux empires abandonnent progressivement la lutte en Méditerranée et dès lors, les deux armes de l’Espagne en Afrique du Nord seront les présides et les espions [67] . Le dernier soubresaut de cette aventure semble bien être, en 1578, la Bataille d'Alcazar-Quivir, où le roi du Portugal laisse la vie [68] . La première trêve signée en 1578 entre Madrid et Istanbul court jusqu’en 1593 et sera reconduite.

Tunis redevient alors une ville commerçante et « une véritable Echelle du Levant pour les commerçants français [69] ». Pourtant, la domination des Turcs n’est pas mieux acceptée que celle, plus distante, des Espagnols de La Goulette. Au contraire. Partout dans le Maghreb, en cette fin du XVIe siècle, se façonnent « les physionomies des Régences barbaresques, plus qu’à demi maîtresses de leurs destins [70] ». En Tunisie, en 1581 déjà, un prince inflige de lourdes défaites aux Turcs mais ne parvient pas à s’emparer des villes solidement tenues. Il va cependant créer un îlot de résistance à l’occupant pendant de nombreuses années [71] . En 1590, « le soulèvement de Tunis et l’assassinat de presque tous les Boulouk Bachi, officiers odieux à l’armée et au peuple et à qui toute l’administration était confiée [72] » a de grandes conséquences sur la vie politique du pays. En effet, à partir de ce moment, le pouvoir effectif se trouve confié à un dey, chef de la milice élu par les janissaires. Dès lors, si Tunis est encore, en théorie du moins, soumise à l’empire ottoman, dans la réalité des faits la régence est autonome [73] .

Pendant plus de 40 ans, la ville va prospérer grâce au commerce et surtout, à la course qui prend alors son essor. Cette activité va bientôt être dynamisée par l’arrivée des Morisques dont Tunis est, avec Salé, la principale bénéficiaire [74] . Plus tard, les ennemis de l’Espagne trouveront également dans les régences barbaresques un bon moyen de lutter contre l’Escorial et fourniront aux corsaires un soutien logistique et financier [75] . A partir de 1640, un nouveau pouvoir remplace celui du chef militaire. Le bey, soumis au dey et chargé de la collecte des impôts dans l’arrière-pays, supplante le chef de la milice à la faveur d’un flottement du pouvoir. Ce changement, une fois n’est pas coutume, est bien accepté. Hammuda bey Murad règne jusqu’à sa mort en 1666 sur un royaume en paix. A ce moment, la régence tente aussi de s’ouvrir au monde et signe des accords commerciaux avec les nations européennes ( Provinces-Unies et Angleterre en 1662, France en 1665 [76] ). Son fils parvient tant bien que mal à garder le pays soudé mais lorsqu’il meurt en 1675, une lutte fratricide entre deux de ses fils et son frère ensanglante le pays pendant plus de 10 ans. Résumer cette guerre civile reviendrait à énumérer une succession de batailles, de trahisons, de revirements et d’alliances qui expliquent sans doute qu’un aventurier comme Philippe d’Afrique ait pu essayer de profiter de ce flottement de l'autorité [77] .

Si les rapports entre l’Europe et Tunis sont donc anciens, ils sont particulièrement troublés en cette fin de XVIIe siècle. Tunis, devenue un important foyer de course, sombre dans des luttes intestines qui multiplient les mouvements de troupes. C’est dans ce contexte que Don Philippe va tenter de prendre le pouvoir.

II. La vie de Don Philippe d'Afrique

La vie de Don Philippe d'Afrique, prince de Tunis, est une succession de fuites et de trahisons. Pour comprendre le personnage, il faut tenter de reconstituer sa vie à partir des bribes collectées dans les différents documents. D’ailleurs, si le prince est aujourd'hui tombé dans l’oubli, il semble qu’il ait été longuement étudié au siècle dernier. Dans la première phrase de l’introduction de leur petit ouvrage, Marthe de Bacquencourt et Pierre Grandchamp rappellent que sa vie est « bien connue [78] » et citent en annexe de nombreux travaux du XIXe siècle.

Les éléments manquent sur la jeunesse de Don Philippe. Il semble être né en 1627 (puisqu’il dit avoir 19 ans lorsqu’il arrive en Sicile en 1646 [79] ). La seule certitude le concernant est celle de ses origines : il est Mahamet Chelebi, fils aîné de dey Ahmad Khûja, qui a exercé sa fonction de 1640 à 1647 sous le règne d’Hammuda bey Murad [80] . Don Philippe nous renvoie une image contrastée de son père : tantôt homme oeuvrant pour son pays (il a fait construire l’un des deux forts de La Goulette [81] et règne « avec l’appui du peuple [82] ») tantôt homme violent qui se venge sur les Chrétiens de Tunis après que son fils s’est enfui en Sicile [83] . Le jeune garçon a été catéchisé à l’âge de 16 ans [84] par un lazariste, Julien Guérin [85] . En 1645, il montre pour la première fois son caractère frondeur en épousant en secret une esclave chrétienne [86] mais « son père, musulman rigide, qui pense à l’avenir, le marie à la fille du Pacha de Tunis [87] ».

C’est sans doute à ce moment que le fils choisit de s’exiler. Il n’est certes pas le premier prince musulman à fuir en Europe. Au début du XVIIe siècle, les prétendants marocains, vaincus dans la guerre civile qui ensanglante leur pays trouvent souvent refuge en Espagne où ils ont droit aux égards et à la pension dus à leur rang [88] . Mahamet Chelebi dit vouloir enfin vivre en chrétien [89] et, pour organiser sa fuite, il rencontre Giuseppe Bartolla, un renégat de Trapani qui, lui aussi, veut revenir à sa première religion [90] . Finalement, ils prennent la mer sur une petite embarcation en compagnie de 8 soldats turcs, au motif de partir en course. La chiourme est composée de quelques ecclésiastiques, de renégats et d’esclaves chrétiens [91] . Arrivés à bonne distance de la côte tunisienne, les fuyards jettent les Maures à la mer [92] mais essuient par la suite une tempête qui les oblige à renoncer à Malte (but projeté de leur fuite) pour se réfugier dans le port sicilien de Mazara [93] . Quelque temps après, le jeune prince est baptisé dans la cathédrale de Palerme et prend le nom d’Innocent-Philippe-Pierre-Ferdinand-Ignace [94] . Le marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, et son épouse lui servent de parrain et marraine [95]   et subviennent à ses besoins.

Après son baptême, Don Philippe se rend à Naples, puis à Rome où il est reçu en personne par le pape, puis passe en Espagne [96] . Dans le même temps, il use de toutes ses connaissances pour tenter d’être (sans succès) fait chevalier de l’Ordre de Malte, il obtient en revanche de Philippe IV l’habit de Saint-Jacques [97] . Par la suite, il « épouse une espagnole, séjourne à Cadix, puis se fixe à Malaga où il mène une vie de débauché [98] ». Malgré tous ses efforts, il ne parvient pas à se faire reconnaître prince de Tunis et à retirer honneurs et rentes qui découlent de ce titre. C’est sans doute ce qui le pousse, au final, à retourner en Tunisie ; « de complicité avec un capitaine anglais, Don Philippe, qui en a assez de l’Espagne où beaucoup de gens le soupçonnent [99] et où la pension qu’on fait servir lui paraît insuffisante, s’embarque avec sa femme, sa belle-mère, son confesseur et ses domestiques soit-disant pour le Levant, mais en réalité pour Tunis et vient jeter l’ancre à La Goulette [100] ». Dans les courriers postérieurs le prince affirmera toujours qu’il a été ramené en Afrique du Nord par la trahison d’un capitaine anglais à la solde de sa mère. La répétition de cette version et le fait qu’elle serve au mieux ses intérêts me semblent prouver qu’elle a été inventée de toutes pièces [101] . Nous sommes alors au début des années 1650.

Redevenu musulman, pardonné par le successeur de son père (qui est mort entre temps), Philipe - redevenu Mahamet - part en course sur les galères de Bizerte [102] , mais conspire avec les Espagnols pour prendre le pouvoir. Ses plans découverts, il est contraint à un exil de deux ans durant lesquels il se rend à La Mecque et dans d’autres territoires de l’empire ottoman [103] . Cet ostracisme est courant mais, une fois encore, Don Philippe le maquille en un voyage destiné à obtenir des informations sur les intentions turques et un moyen de ne pas éveiller les soupçons quant à l’absence d’un de ses espions envoyé plaider sa cause à Madrid [104] . Finalement, il regagne Tunis en 1659 et, devant le peu d’intérêt que sa proposition suscite du coté espagnol, se décide à tenter d’intéresser Louis XIV à sa cause. Il correspond aussi avec le Pape et, tout en implorant son pardon [105] , lui demande d’intervenir en sa faveur auprès du Roi-Soleil par l’intermédiaire de son nonce en France. Il lui fait également toutes sortes de propositions destinées à faire de Tunis un royaume chrétien qui serait, bien évidemment, dirigé par Don Philippe. Entre temps, il est devenu gouverneur de La Goulette [106] .

Le dernier acte de la vie de Mahamet Chelebi se joue à partir de 1672. C’est à ce moment que le pays entre dans une profonde crise politique. Le vieux bey, Murad Hammuda, a de plus en plus de mal à conserver le pouvoir, lorsqu’en 1669 meurt un de ses fidèles, le dey Muhammad Ughlu. Il est alors remplacé par Sha’bân Khûja, qui semble bien être un parent de Don Philippe (il porte le même nom que son père). Ce dey est déposé en 1672 à la suite de la mise à jour d’un complot dont il était l’instigateur et qui visait à renverser le pouvoir beylical [107] . Bien entendu, Don Philippe était l’un des principaux conspirateurs: on lui avait promis le « commandement de la colonne d’été [108] ». Cette expédition bisannuelle sur l’arrière-pays tunisien, destinée à récolter l’impôt et à affermir le pouvoir de Tunis, était source de substantiels profits pour la plupart des participants, aux premiers rangs desquels le commandant en chef [109] . Don Philippe, emprisonné à Testour, parvient à s’échapper et rejoint le roi d’Alger qui l’accueille avec joie. Ce dernier, ayant appris que le dey de Tunis projette de faire assassiner son protégé, l’envoie - une fois de plus - faire un voyage dans l’empire ottoman. Don Philippe arrive finalement à Istanbul où il est nommé Pacha d’Alger, mais il meurt de la peste avant d’avoir pu entrer en fonction [110] .

La vie de Don Philippe est donc une succession d’intrigues, de trahisons et d’échecs. Ce résumé appelle pourtant d’autres questions. La première d’entre elles est sans doute de savoir qui est vraiment Mahamet Chelebi et quel est vraiment son rang.

III. Un grand noble ?

Tout au long de sa vie Don Philippe a œuvré auprès des puissances européennes pour se voir attribuer le trône de Tunis. Or, certains éléments laissent supposer que le titre de roi de Tunis auquel il prétend n'est sans doute qu’une déformation de la réalité.

Pour comprendre ce que peut être la mentalité de Mahamet Chelebi, voyons comment il présente l’organisation politique de la régence au travers du rapport qu’en fait son obligé auprès du roi d’Espagne. Pour lui, le royaume de Tunis est « sous le despotique gouvernement du roi nommé en langue arabe dey qui ordonne et gouverne de manière absolue et sans aucune dépendance [111] ». Ceci peut paraître étonnant de la part d’un fils de dey. On comprend mieux la rancœur de Don Philippe quand il dit que le dey «  est toujours élu et que le prédécesseur ne nomme jamais son successeur alors qu’il a autorité pour le faire [112] ». C’est en effet l’une des particularités de la fonction : le détenteur de ce titre est toujours désigné par le Divan, l’assemblée des officiers janissaires, en souvenir de la révolte de 1590 qui l’a porté au pouvoir [113] . Pour le narrateur, le bey n’est que la seconde autorité du royaume [114] , ce qui est faux car, à partir de 1640, c’est bien lui qui commande la régence. On commence à comprendre pourquoi Mahamet Chelebi est, tout au long de sa vie, réduit à intriguer pour tenter de prendre le pouvoir dans son pays : s’il est bien fils d’un des plus hauts dignitaires du royaume, il sait pourtant qu’il ne règnera jamais. Il exprime d’ailleurs son ressentiment de façon explicite à Donato Ciantar, un prêtre maltais qui s’est enfui avec lui en 1646. Il lui avoue avoir toujours vécu dans l’espérance que son père le nommerait à sa succession, mais que celui-ci a préféré conserver la tradition de l’élection [115] . Et pourtant, il ne manquait pas d’arguments pour ce poste, en particulier la faveur populaire et les qualités personnelles [116] . On comprend mieux maintenant ce qui a poussé un jeune homme de 19 ans à quitter son pays en y abandonnant son père, sa mère, son épouse, 5 frères, l’espoir de régner et tous ses honneurs [117] . En outre, l’astucieux Mahamet Chelebi a compris que pour intéresser les Européens à son entreprise, il lui fallait un statut de prétendant au trône tunisien. Il s’est donc attelé à créer cette illusion.

Sur ce point, l’un des épisodes les plus édifiants est l’arrivée de Don Philippe en Sicile en 1646. Dès son premier contact avec les autorités, il se fait appeler « fils du roi de Tunis [118] » et explique d’ailleurs au vice-roi de Sicile que ce titre, acquis par son père, est héréditaire [119] . Le prince a également pris soin d’emporter dans sa fuite de riches étoffes qui prouvent son rang [120] et il se plait à rappeler à ceux qui le côtoient « les richesses et honneurs qu’il a laissées sur sa terre natale [121] ». En gage de bonne foi, il livre des informations sur les préparatifs corsaires pour la saison à venir [122] . Plus intéressante, la série d’évènements qui précèdent son baptême. Elle permet de mieux cerner le personnage et de comprendre qu’il connaît parfaitement la valeur des symboles dans cette Espagne du milieu du XVIIe siècle. Il a, dès son arrivée, exprimé le souhait d’être baptisé au plus vite. Le cardinal Zanta Sicilia, évêque de Mazara, l’accueille et envoie un courrier au vice-roi pour lui demander une procuration lui permettant de baptiser Don Philippe en son nom [123] . Mais dans le même temps, le prince a fait parvenir, à l’insu du cardinal, une lettre au vice-roi. Dans celle-ci, il demande au marquis de Los Velez de ne pas autoriser que la cérémonie se déroule à Mazara mais plutôt à Palerme, Rome où en Espagne [124] . L’idée de Mahamet est simple : se faire baptiser dans un lieu symbolique et par un personnage puissant pour avoir, par la suite, le maximum d’appuis. C’est d’ailleurs ce qui se passe puisqu’il reçoit le sacrement dans la cathédrale de Palerme, le jour de la Saint Philippe, des mains de l’archevêque de la ville [125] . Son parrain et sa marraine sont, rappelons-le, le vice-roi et son épouse et quelques-uns des plus grands nobles siciliens sont présents et offrent des cadeaux somptueux [126] .

Dès lors, Don Philippe est considéré comme un personnage important et fait jouer à plein l’amitié qui le lie au marquis de Los Velez. Celui-ci l’accueille chez lui, lui verse une pension de 100 escudos mensuels prélevés sur les fonds secrets [127] . La première demande du converti est celle de se voir accepté comme chevalier au sein de l’Ordre de Malte [128] . Il semble bien que la puissance militaire de l’Ordre et la florissante activité de course qu’il entretient aient tout pour intéresser le jeune homme, soit dans la perspective d’une carrière à la mer, soit dans celle d’une possible opération pour se rendre maître de Tunis. Pour cela, Don Philippe sollicite la bienveillance du Recteur des jésuites maltais et de plusieurs autorités insulaires [129] . Il sait que le vice-roi est sans doute l’une des personnes les mieux placées pour appuyer ses démarches, puisque Malte fait souvent appel à sa riche voisine pour subvenir à ses besoins frumentaires. Los Velez a même prévu que lorsque Don Philippe aurait enfin accédé au titre de chevalier, il pourrait recevoir « 2.000 ducats de pension sur les évêchés de Catane et Mazara qui sont actuellement vacants [130] », le Conseil d'Etat approuve [131] . Le seul écueil à la promotion de Don Philippe au titre de chevalier de Saint Jean et aux lucratifs revenus qui s’y attachent est alors le contrôle draconien par l’Ordre des origines nobles du prétendant.

Afin de plaider sa cause, Don Philippe écrit une succession de courriers au Conseil d'Etat. Il y demande à être enfin traité comme « fils (qu’il dit être) du roi de Tunis [132] ». Il fournit également une série de lettres envoyées par de grands nobles qui le désignent tous par son titre [133] , un pli « qu’il dit être du roi actuel de Tunis, appelé Aggi Maometo (Muhammad Lâz) dans lequel il l’avise de la mort du père de ce Don Philippe [134] » et même une correspondance du pape qui pourrait enfin décider le Grand Maître [135] . On comprend cependant au ton suspicieux de ce procès-verbal qu’à Madrid, on commence sérieusement à douter du bien-fondé de la demande. La conclusion est d’ailleurs sans équivoque : « de ces lettres présentées par Don Philippe il ressort peu de choses et on ne peut tirer d’elles rien qui obligerait à changer ce qui a été décidé par Sa Majesté en matière de protocole [136] ». Tout au plus autorise-t-on le prince à servir le roi dans ses territoires (sans doute en tant que soldat), à la condition expresse qu’il se tienne éloigné des ports en raison de « la variété de son caractère [137] ». En 1648, Don Philippe écrit encore au Conseil d'Etat. Il demande une fois de plus que sa requête soit examinée par des personnes compétentes pour qu’il puisse enfin avoir droit à un traitement digne de son rang car il ne lui est plus possible, dans ces conditions, de vivre en Espagne [138] . Devant un nouveau refus, il s’embarque quelques mois plus tard pour Tunis ...

La tentative de Don Philippe de se faire passer pour le prétendant légitime au trône de Tunis auprès de la couronne espagnole est un échec total. Il redevient donc Mahamet Chelebi mais n’en abandonne pas pour autant son idée de conquérir un jour son royaume. Pour cela, il passe du statut d’aventurier et d’usurpateur à celui de conspirateur prêt à tous les marchandages pour arriver à ses fins.

IV. Don Philippe, un prince musulman

De cette première expérience en Chrétienté, Don Philippe va tirer plusieurs leçons. La première est qu’il devra s’appuyer avant tout sur ses obligés dans son pays pour espérer un jour prendre le pouvoir et il va, dès lors, s’appliquer à consolider son influence politique en Tunisie. La seconde est que, pour pouvoir intéresser les chrétiens à une expédition en Afrique du Nord, il faut leur donner des signes religieux forts et trouver des lieutenants qui lui serviront de relais dans les cours européennes.

Les éléments manquent sur la carrière de Mahamet Chelebi à partir de son retour en Tunisie. On sait simplement que le dey le pardonne et le prend sous sa protection. Il devient corsaire, puis accomplit un pèlerinage à La Mecque avant de revenir au pays en 1659 [139] . Il s’applique dans le même temps à renforcer son autorité auprès des autochtones et fait souvent remarquer, au fil des correspondances, qu’il est « estimé des habitants du pays [140] ». Le prince tente de profiter de l’animosité qui existe entre l’envahisseur turc et les populations locales [141] , opposition qu’il présente comme l’une des principales raisons à la facile conquête de son royaume [142] (elle n'est d’ailleurs pas nouvelle puisqu’au XVIe siècle Lopez de Gomara la soulignait déjà [143] ). Pour justifier sa fuite en 1646, il a expliqué à ses compatriotes qu’il ne s’est pas enfui en Espagne, mais qu’il a simplement tenté de trouver de l’aide pour libérer le pays de l’oppression turque [144] ! Dès lors, même s’il est chrétien de cœur, les Tunisiens « le tiennent finalement pour maure [145] » et il précise que de nombreux renégats et Maures sont ses obligés [146] . Mahamet Chelebi parle également d’une maison de campagne proche du rivage, de personnes fidèles et d’espions qui le renseignent en permanence [147] . Une liste plus détaillée ajoute même que « le prince a 400 chrétiens sur sa galère, 7 frères valeureux et plus jeunes que lui, de nombreux maures qui sont ses obligés, un château en dehors de Tunis appelé Raspatia [148] avec une tour qui surveille 50 miles de mer, une maison entre les deux forts de La Goulette et (…) d’autres maisons dans tous les lieux où il y a des forteresses [149] ». Il est donc certain que le prince dispose d’atouts pour tenter de conquérir la régence. Il sait cependant que, pour réussir, il lui faudra l’appui des chrétiens.

Les correspondances de Don Philippe regorgent de preuves (un peu trop nombreuses peut-être) de son amour pour la religion catholique. C’est d’ailleurs avec « l’aide des chrétiens [150] » que Don Philippe entend prendre Tunis. Il aime à rappeler que, dès son plus jeune âge, il s’est rapproché des esclaves de son père qui lui ont apporté ses premières notions [151] . Le marquis de Los Velez indique aussi qu’il a appris l’italien pour pouvoir communiquer avec ses catéchistes [152] . Après son retour en terre d’Islam, Mahamet Chelebi multiplie les démonstrations de son attachement à la foi catholique. En 1669, il écrit au pape pour lui demander de le pardonner, de l’accueillir à nouveau [153] et de le soustraire « aux ténèbres de l’Infidélité et au péril de la mort éternelle [154] ». En outre, il vit en compagnie de ses seuls esclaves chrétiens, à l’exception de deux musiciens maures et dont l’un d’eux s’est fait baptiser en secret [155] . Mais pour Don Philippe, les ecclésiastiques ont aussi un autre rôle : les prêtres cautionnent ses actions et ses dires. En 1646 déjà, lors de son arrivée en Sicile, il était accompagné « de quelques jésuites et d’un moine [156] ». Il est ensuite, avant son baptême, envoyé chez les jésuites pour se perfectionner dans la connaissance de la religion [157] . Le prince leur confie alors ses vœux et les pères peuvent préciser qu’il est « un homme de très grand talent [158] ». Plus tard, le vicaire général de Carthagène atteste par un courrier la trahison du capitaine anglais qui ramène Mahamet Chelebi en Tunisie [159] . Il confie également ses projets de prise de Tunis à Frère Marcos de Piedra Garcia, chargé du rachat des captifs à Tunis [160] et ne cessera, par la suite, d’utiliser la voix des prêtres [161] . Il dispose également d’un autre recours pour intéresser les rois européens à son entreprise : deux affranchis, Julio Banfi et le chevalier de Beauchamps.

Le cas des esclaves chrétiens en Afrique du Nord a été abondamment étudié, et la plupart des travaux ont mis en avant l’impossibilité d’établir une quelconque typologie du parcours servile. Selon ses compétences, son âge ou sa volonté de renier sa foi, l’Européen se voit souvent proposer des perspectives de carrière et d’ascension sociale [162] . Les deux serviteurs de Mahamet Chelebi ne font pas exception. Julio Banfi est un ingénieur milanais qui sert de relais à Don Philippe en Espagne et en Italie au cours des années 1650, Beauchamps un noble français qui tente d’intéresser Louis XIV à une expédition tunisienne au cours des années 1670 et 1680. On note de nombreuses similitudes entre les deux itinéraires. L’un et l’autre ont été esclaves de Don Philippe d'Afrique : Banfi « a été captif à Tunis et libéré par le prince Don Philippe Charles d’Autriche prince de Tunis [163] », Beauchamp a « été esclave de nombreuses années [164] ». Autre parallèle, ces deux hommes, une fois affranchis, deviennent des serviteurs dévoués. Banfi précise qu’il est l’obligé du « prince à qui il doit sa liberté [165] » et si le chevalier est moins explicite, il est tout aussi zélé. Il semble d’ailleurs évident que les deux hommes ne servent pas Chelebi par simple dette mais doivent avoir des intérêts à la réussite de l’opération, car la tâche qui leur est confiée est d’envergure. Banfi est accrédité pour être le représentant de Don Philippe en Europe [166] . A ce titre, il voyage pendant plus de plus de trois ans pour tenter de recueillir de l’aide. Il se rend d’abord à Milan pour rencontrer le cardinal Trivilio, que Don Philippe avait connu en Sicile, mais celui-ci est mort entre temps [167] . L’ingénieur se dirige ensuite vers Rome où il s’entretient avec le pape et lui remet une proposition. Le Saint Père le confie alors au cardinal Guigi [168] . Dans un troisième temps, le milanais se rend à Florence, rencontre le Grand Duc qui écoute sa proposition mais lui signifie qu’il n’a pas les moyens d’agir seul en Tunisie et qu’il attendra la réponse du Pape et du roi d’Espagne [169] . Enfin, Banfi revient à Milan en attendant le retour de Terre Sainte de son maître. Le 20 novembre 1659, une lettre de Don Philippe le rappelle à Tunis pour faire connaître les réponses des princes européens [170] . Le rôle de Banfi ne se limite pas à celui d’ambassadeur : en cas de réponse positive de l’Espagne, il serait aussi chargé de récupérer les armes livrées en contrebande et de veiller au bon déroulement de l’opération [171] . Le secrétaire note qu’il a « très bien reconnu le pays et les forteresses, car c’est sa profession d’ingénieur militaire [172] ». Les membres du conseil approuvent la proposition préliminaire, renvoient Banfi en Afrique du Nord mais suggèrent de lui adjoindre une personne avisée qui donnerait une autre vision des choses [173] . On dispose de moins d’informations sur Beauchamps, mais lui aussi a sans doute intérêt à ce que Don Philippe reçoive l’aide des Européens. Ainsi le chevalier doit avoir « l’entier commandement des vaisseaux [174] » qui doivent fournir un soutien au prince car il est le seul à connaître les détails de l’opération et à pouvoir la mener à bien [175] . D’autre part, Beauchamps écrit personnellement au cardinal Altiere, Préfet de la Propagande du Pape, pour lui demander d’intervenir auprès de Louis XIV [176] . Enfin, il est à signaler que Joseph Thomas Merle de Beauchamps est chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem [177] . Il est donc tout à fait possible que les relations entre lui et son maître datent de l’époque où le prince projetait de se faire chevalier ou que des clauses secrètes prévoient un rapprochement entre l’Ordre de Malte et Mahamet Chelebi.

Don Philippe d'Afrique n’est donc pas seul dans ses projets de prise de pouvoir. Il dispose de solides atouts tant au sein de la population locale qu’en Europe. Grâce aux religieux et à ses émissaires, il peut espérer trouver une certaine aide mais, pour ravir le trône de Tunisie, il sait qu’il lui faudra lutter l’arme à la main. Seul le projet proposé à l’Espagne étant véritablement réfléchi au point de vue militaire, il m’a semblé intéressant de l’étudier en détail.

V. Le projet espagnol

La collaboration militaire entre Chrétiens et Musulmans n'est pas, en Afrique du Nord, une nouveauté. A la fin du XVe siècle déjà, on pense que des espions salétins ont proposé au duc de Médina-Sidonia de lui livrer la ville avant l’arrivée des Portugais [178] . Tout au long des XVIe et XVIIe siècles, de nombreux princes, algériens ou marocains, imploreront l’aide espagnole en échange de concessions financières ou religieuses [179] . Pourtant, la proposition de Don Philippe au Conseil d'Etat espagnol à la fin des années 1650 surprend par sa rigueur et ses détails. Elle est présentée par Julio Banfi et, afin de juger du degré de préparation, il m’a semblé judicieux de reproduire en annexe le croquis fourni par l'ingénieur.

Avant de demander des troupes et du matériel, le Milanais explique la volonté de Don Philippe « de réduire ce royaume à la Sainte Foi sous la protection et tribut de Votre Majesté et de donner la liberté à 12.000 esclaves chrétiens [180] ». L’intérêt pour l’Espagne serait alors de chasser les Turcs de Tunisie, de s’assurer une rentrée d’argent supplémentaire et, surtout, d’occuper La Goulette [181] . Car Mahamet Chelebi propose aussi de refaire du port de Tunis un préside espagnol [182] .  Il est bien entendu que le prince aura « le titre et l’autorité de roi, comme le fit Charles-Quint pour le roi maure après sa victoire sur Barberousse [183] » et il n’hésite d’ailleurs pas à se présenter comme le successeur de Moulay Hassan. Pour lui, « la puissance du royaume de Tunis est connue de tous et on sait la menace qu’elle fit peser sur l’empire romain [184] », étant construite sur les ruines de l’ancienne Carthage [185] . Pour Mahamet Chelebi, devant la difficulté de prendre Tunis, l’empereur n’avait pas hésité à se charger en personne de la conduite de l’expédition [186] et le prince commence alors une intéressante comparaison qui tourne, bien évidement, à son avantage. D’abord, Charles-Quint n’avait aucun espion sur place [187] alors que Don Philippe possède de nombreux obligés. Ensuite, l’Empereur avait rétabli sur le trône un souverain musulman, alors que le prince est chrétien, bien que tous le croient pour l’instant mahométan [188] . Enfin, il ne faut au conspirateur qu’un « très petit corps d’armée [189] » et non l’impressionnante mobilisation de forces navales et terrestres qui avait conduit à la prise de la ville en 1535. S’en suit un exposé sur la pratique politique en Tunisie et les rapports purement formels que la régence entretient avec l’Empire Ottoman [190] , ce qui permet au prince d’affirmer que les Espagnols ne s’exposent à aucun risque de réaction turque [191] et que « la situation présente est bien meilleure et plus sûre [192] » que celle de l'expédition impériale. En cas d’échec, toute la faute retomberait sur Don Philippe et ses partisans ; l’Espagne ne risquerait pas de représailles du fait des faiblesses de l’empire ottoman, aurait pris La Goulette et libéré des esclaves [193] .

En contrepartie, Madrid devra bien sûr fournir une aide militaire. En soi, le plan est simple : les Espagnols doivent prendre La Goulette pendant que Don Philippe et ses partisans occupent les lieux stratégiques de Tunis et libèrent les esclaves qui doivent venir grossir le rang des insurgés [194] . Afin d’armer les rebelles, les Espagnols doivent faire parvenir en secret des armes pour équiper au moins 600 hommes : pistolets, épées, carabines, pétards [195] et bien sûr balles et poudre [196] . Tout est prévu : les armes peuvent être achetées à Milan (elles y sont moins chères qu’ailleurs), puis embarquées dans l’un des ports du Finale [197] et acheminées à Tunis. Le navire qui les transportera devra être, pour passer inaperçu [198] , « de marchands soit de Gênes, soit de Livourne, soit de Marseille, soit d’autres qui viennent ici [199] ». Une fois débarquées discrètement, elles seront introduites sans difficultés à Tunis [200] car il n’y a pas de contrôles [201] . Ceci fait, le prince attendra l’arrivée des Espagnols qui devront mobiliser « au moins 18 navires entre les galères et les vaisseaux [202] ». En vue du port, la flotte devra envoyer un navire en éclaireur qui, pour passer inaperçu, sera, lui aussi, camouflé en commerçant italien. La réponse du prince reviendra par le même moyen [203] . Si cette première solution s'avère impossible à réaliser (ce qui paraît tout à fait plausible, car on a du mal à imaginer un vaisseau de guerre maquillé en fuste de commerce), on pourra tout de même communiquer avec Don Philippe par un prêtre qui, sous couvert de racheter des captifs, entrera en contact avec les mutins [204] . Ceci fait, Don Philippe fera des signaux à la flotte pour indiquer les sites de débarquement les plus opportuns [205] . C’est à ce moment que débutera la véritable opération.

 Les 400 Espagnols débarqués avec armes, munitions et échelles devront « surprendre » [206] les deux forteresses de La Goulette qui apparaissent parfaitement sur le plan de Julio Banfi. Ils seront aidés par les renseignements recueillis par Don Philippe qui connaît la faiblesse de leurs défenses, de leur garnison et l’impossibilité de les ravitailler [207] . De plus, l’ingénieur a parfaitement reconnu ces deux ouvrages et précise qu’« il n’y a pas plus de 40 Turcs en garnison dans l’un et l’autre, pas de fortifications, ni fossé, ni contrescarpe intérieure ou extérieure, aucun bastion ni autre défense que la simple muraille sans aucun flanquement qui la couvre [208] ». Il livre même le nombre et la qualité des pièces d’artillerie qui servent chacune des forteresses [209] , la distance entre les deux ouvrages et celle qui les sépare du rivage [210] . C’est sans doute ici que l’on peut saisir au mieux le travail de Banfi. Il a mis ses compétences antérieures au service de la cause de son maître et livre une analyse approfondie des deux forts de La Goulette. On ne peut d’ailleurs que constater sur son croquis la faiblesse des deux ouvrages : l’un est un simple bastion, l’autre un château au plan clairement obsolète.

Pour Don Philippe, La Goulette est indispensable car elle garantit une retraite sûre [211] en cas d’échec de la seconde phase du plan : la prise de Tunis. Ces deux  opérations doivent être parfaitement coordonnées [212] car le prince prendra Tunis avec l’aide des esclaves chrétiens, des Maures et de quelques renégats [213] . Les captifs doivent en effet assurer la victoire [214]  : c'est pour cela que le prince propose de déclencher l’opération durant les mois d’hiver quand les esclaves sont rassemblés dans leurs prisons [215] . Il propose aussi d’investir en priorité le Divan [216] qui renferme « plus de 60 mousquets [217] » et ainsi d’armer la chiourme libérée. De toute façon, Don Philippe assure qu’une fois accomplis les premiers objectifs [218] , les armes ne manqueront pas [219] . La ville tombée, le prince suggère enfin de tuer tous les dignitaires turcs et ceux qui résisteraient, puis de faire la jonction avec les troupes espagnoles [220] qui ne seront pas impliquées directement mais seulement présentes « pour assurer l’entreprise [221] ».

Le plan présenté par Don Philippe est parfaitement étudié, mais il ne donnera lieu à aucun déploiement de force espagnol. A la suite de son échec, Mahamet Chelebi va se lancer dans toute une série de propositions de plus en plus surréalistes.

VI. Les autres propositions

Après l’épisode espagnol, le prince tente de s’insérer dans la vie politique de son pays. Cela ne l’empêche pourtant pas de conspirer et, à partir des années 1670, de se lancer dans des plans chaque fois plus ambitieux.

La première offre de Mahamet Chelebi au roi de France date de 1670. Le prince semble alors vouloir quitter la régence [222] et tente d’obtenir l’aide du pape afin de persuader Versailles de l’aider [223] . En contrepartie, il emmènerait dans sa fuite 400 chrétiens, quelques renégats et de l'argent qui lui permettrait de vivre sans aucune aide [224]  : sa sécurité et celle de ses richesses seraient garanties durant l'opération par un passeport signé du Pape et de Louis XIV [225] . Suite à des contretemps, l’affaire n’aboutit pas. Durant les années 1680, cet éternel conspirateur projette de prendre l’ensemble des ports tunisiens, avec seulement quelques ingénieurs et artificiers [226] , de se faire nommer par le Sultan gouverneur de la région des Dardanelles, puis de livrer les détroits aux Vénitiens qui pourraient les tenir à moindres frais et ainsi gêner considérablement l’empire ottoman [227] . En 1686, le chevalier de Beauchamps soumet un nouveau plan énumérant les atouts que pourrait tirer la France d’une aventure militaire en Tunisie. Il brosse une vision idyllique mais clairement erronée du royaume de Tunis qui « produit du blé et du grain en abondance pour secourir ses voisins et pays étrangers ; il y a toutes sortes de chasses, des fruits, du raisin à foison pour servir aux lieux qui en auraient du besoin, il donne de la cire, du beurre, de l’huile, des cuirs et des poissons plus qu’on n’en peut souhaiter, c’est un pays fertile et très riche où il y a d’or et d’argent ramassé dans des basses fosses [228] ». Beauchamps insiste aussi sur la valeur stratégique de la région [229] et note que « les armées navales de France peuvent y faire leur provision un tiers meilleur marché qu’en France [230] ». Don Philippe offre enfin « d’entretenir, une fois la pays passé sous l’autorité de Sa Majesté, 6000 Français, 12 navires et de peupler la ville de la même nation, de dresser des églises et de reconnaître Sa Majesté pour son souverain, seigneur et maître [231] ».

Il n’est pas nécessaire d’exposer plus en détail ces propositions pour comprendre que Mahamet Chelebi s’est lancé dans une surenchère qui, à terme, le discrédite totalement. Car si le prince semble être un excellent manipulateur en ce qui concerne les personnes (Banfi, Beauchamps ou même le marquis de Los Velez en sont de parfaites illustrations), il est en revanche un très mauvais diplomate totalement déconnecté de la réalité quand on replace ses propositions dans leur contexte.

 En 1654, L’Espagne vient de subir devant Arras une lourde défaite annonciatrice de sombres perspectives sur ses territoires du nord. Elle est épuisée par une interminable guerre avec son voisin portugais et a de plus en plus de mal à résister à la politique agressive de son voisin français. En 1659, la Paix des Pyrénées est une véritable humiliation pour Madrid. Comment alors imaginer que l’on puisse mobiliser 400 hommes, des armes et surtout 18 navires alors que la flotte espagnole est quasiment anéantie [232] ? L’Espagne utilise alors ses rares vaisseaux de combat pour tenter d’imposer un blocus au Portugal et confie la lutte en Méditerranée à ses corsaires et aux Hollandais [233] . Aux Hollandais? Oui, car l'Escorial collabore avec les ennemis d’hier et oublie son rôle de champion de la Chrétienté pour se défendre des agressions françaises. La fuite de Don Philippe et les conclusions rendues par le Conseil d'Etat n’arrangent rien car le prince est, à partir de ce moment, considéré comme un simple aventurier.

Que dire des offres faites à Versailles ? Quel serait l’intérêt du Roi Soleil à engager dans une opération incertaine hommes et troupes dont il a particulièrement besoin ailleurs en Méditerranée, notamment en 1674-1678 où il apporte un soutien militaire aux insurgés de Messine ? Pourquoi mettre à mal les relations avec l’empire ottoman qui est un allié utile dans la lutte contre l’Empire [234] ? Pourquoi enfin vouloir affaiblir une course barbaresque qui est, de toute façon, maîtrisée et canalisée [235] ? Pour toutes ces raisons, les propositions faites à Louis XIV sont tout aussi dénuées de sens politique que celles faites aux Espagnols quelques années plus tôt.

On ne s’attardera pas non plus sur le projet des Dardanelles. Les détroits ont certes été dans les années 1654-1657 le lieu d'intenses combats mais à la fin du siècle, la Sérénissime n’est plus que l’ombre d’elle-même  et n’a certainement pas les moyens de lutter contre l’empire ottoman qui s’immisce jusque dans l’Adriatique [236] .

Les deux seuls thèmes récurrents des correspondances étudiées sont la concession du titre de prince à Don Philippe et l’adoption du Christianisme par son royaume. Pour le reste, peu de propositions concrètes. Mahamet Chelebi est donc en 1686, au moment de sa mort, totalement discrédité. Par son instabilité, son manque de lucidité politique, il s’est coupé des seuls appuis extérieurs qu’il pouvait espérer dans sa conquête du trône de Tunis.

On peut se demander si Don Philippe n’était pas, tout simplement, un homme du XVIe siècle égaré dans un XVIIe siècle qu’il ne comprenait pas. Toutes ses correspondances regorgent d’allusions à des valeurs d’un autre temps et rappellent les ouvrages du XVIe siècle commandés par l’historiographie officielle des Habsbourg. L’Empereur puis son fils, le Roi Prudent, auraient sans doute prêté une oreille plus attentive à Mahamet Chelebi mais la continuité de la Reconquête, l’héritage impérial ne sont plus, en cette fin de XVIIe siècle, qu’un vague souvenir dans une Espagne avant tout préoccupée par les crises financières à répétition et la menace française. Les conclusions quant au rapprochement avec la France sont sensiblement les mêmes : qu’espérer d’un roi dont le seul et unique objectif est de s’assurer une frontière homogène au nord ?

Il a sans doute aussi manqué à Don Philippe la patience qui lui aurait sûrement permis d’obtenir plus de ses alliés européens. Sa vie semble finalement une succession d’idées, toujours ébauchées mais jamais dégrossies ou polies par le temps et la réflexion. Peut-être aussi n’avait-t-il pas pris conscience du décalage du basculement géopolitique vers le nord, lui qui restait malgré tout un méditerranéen. Pourtant, la vie de Don Philippe d'Afrique, prince de Tunis, montre au moins que, dans cette Méditerranée de la fin du XVIIe siècle, aucune frontière n’est hermétique ; il est certes un renégat exceptionnel (la plupart des cas se font du Christianisme vers l’Islam), mais sa vie prouve les routes qui mènent à Madrid, Istanbul, Rome ou Paris peuvent parfaitement se croiser à Tunis…



[1] Voir en particulier SANCHEZ HERRERO M., El acercamiento hispano-neerlandés (1648-1678), Madrid, CSIC, 2000, 427 pages, Collection Biblioteca de Historia.

[2] Pour un aperçu du classement du dépôt de Simancas, voir PLAZA BORES (DE LA) A., Archivo General de Simancas, guía del investigador, Madrid, Dirección General de Bellas Artes y archivos, Dirección de Archivos Estatales, 1986 (3° édition), 406 pages.

[3] Je travaille actuellement sur le thème de la collaboration entre les marines espagnoles, anglaises et hollandaises en Méditerranée la fin du XVIIe siècle.

[4] Sur le rôle et l’importance du Conseil d'Etat dans la structure administrative espagnole, voir CONTI FERNANDEZ S., Los consejos de Estado y Guerra de la monarquía hispánica en tiempos de Felipe II (1548-1598), Madrid, Junta de Castilla y León, 1998, 282 pages. Cet ouvrage, bien que consacré à une période antérieure à celle considérée ici, présente pourtant avec une grande clarté les rôles des deux plus hauts conseils du royaume.

[5] BACQUENCOURT (DE) M., GRANDCHAMP P, Documents divers concernant Don Philippe d’Afrique, prince tunisien deux fois renégat (1646-1686), Tunis, A. Allocio, 1938, 42 pages.

[6] BIZIERE J. M., VAYSSIERE P., Histoire et historiens, Paris, Hachette, 1995, 254 pages, Collection Carré Histoire.

[7] BRAUDEL F., " Les Espagnols et l’Afrique du Nord de 1492 à 1577", Autour de la Méditerranée, Paris, Le Livre de Poche, 1996, 698 pages, Collection Histoire.

[8] Pour de plus amples développements sur cette question historiographique, voir en particulier TELLEZ ALARCIA D., " El papel del norte de Africa en la política exterior hispana (siglos XV-XVI)", Tiempos Modernos, Revista de Historia moderna (http://tiemposmodernos.rediris.es), 23 pages. L’auteur y présente les différentes interprétations de la politique africaine des Habsbourg et les nouveaux axes de recherche.

[9] DUBY G., L’Histoire continue, Paris, Editions Odile Jacob, 1991, 220 pages.

[10] HEERS J., Les Barbaresques, Paris, Perrin, 2001, 369 pages.

[11] BRAUDEL F., La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, collection Le livre de poche, 1990, 3 tomes.

[12] Ibid.

[13] HEERS J., Les Barbaresquesop. cit. Braudel souligne lui aussi la richesse de la ville au fil des pages de sa Méditerranée.

[14] HEERS J., Les Barbaresquesop. cit.

[15] RICARD R., " Les places portugaises du Maroc et le commerce d’Andalousie ", Annales de l’Institut d’Etudes Orientales, Tome IV, 1938, pages 129 à 153.

[16] ALCALÁ GALIANO P., Santa Cruz de Mar Pequeña. Pesquerías y comercio en la costa Noroeste de África, Madrid, 1990.

[17] Sur les premiers temps de la présence espagnole en Afrique du Nord, voir notamment GUTTIEREZ CRUZ R., Los presidios españoles del norte de Africa en tiempo de los Reyes Catòlicos, Mélilla, consejuria de cultura, educacion, juventud y deporte, 1997 tiré de la thèse de l’auteur La presencia española en el norte de Africa: el sistema de presidios en la epoca de los reyes catolicos (1497-1516), thèse, Malaga, Universidad de Malaga, 1994 mais aussi CARMONA PORTILLO A., Historia de una ciudad fronteriza : Ceuta en la Edad Moderna, Malaga, 1997.

[18] " La Berbería era un territorio que estaba dividido en sus zonas de hipotética conquista entre los españoles y los portugueses desde los primeros tratados de partición del mundo " in GOMARA (LOPEZ DE) F., Guerras de mar del emperador Carlos V,  textes recueillis et commentés par Miguel Ángel de Buñes Ibarra et Edith Jiménez, Madrid, Sociedad Estadal para la conmemoración de los centenarios de Felipe II y Carlos V, 2000, 307 pages et plus particulièrement dans l’introduction rédigée par Nora Edith Jiménez.

[19] " Hasta la muerte del Rey Católico, el Mediterráneo es un espacio dividido en dos áreas perfectamente divididas, donde Túnez es el lugar que separa el radio de acción de los navegantes de principios del siglo XVI " in ibid.

[20] TELLEZ ALARCIA D., " El papel...", op. cit. Il faudrait également souligner en ce début de XVIe siècle l’émergence d’un pouvoir centralisé au Maroc qui inquiète les autorités espagnoles, mais cet aspect n’a pas d’incidence directe sur le sujet abordé et je me bornerai donc à l’évoquer ici.

[21] GOMARA (LOPEZ DE) F. , Guerras de... op. cit.

[22] " El problema se acrecienta cuando estos hombres se transforman en los adalides de los gobernantes islámicos de Túnez y Argelia para expulsar a los españoles de Bujía y Argel, o impiden que los pescadores de coral y mercaderes realicen sus oficios en berbería " in ibid. On pourra noter le parallèle avec l'historiographie espagnole de la même période qui présente systématiquement la guerre en Afrique du Nord comme une lutte religieuse.

[23] Pour une parfaite illustration de l’historiographie du XVIe siècle et son ton de croisade, voir HERNANDEZ GONZALEZ M. I., El taller historiografico : las cartas de relacion de la conquista de Oran (1509) y textos afines, London, Department of hispanic studies, Queen Mary and Westfield Collège, 1997. L’auteur y présente quelques lettres relatant la prise d’Oran et surtout dégage leur intérêt historiographique. Voir aussi BRAHIMI D., Opinions et regards des européens sur le Maghreb au XVIIe et XVIIIe siècles, Alger, 1978, 186 pages.

[24] Sur les hommes qui ont mené ces opérations de conquête, voir CAZENAVE J., " Pierre Navarro, conquérant de Velez, Oran, Bougie, Tripoli ", Bulletin de la Société de Géographie et Archéologie de la province d'Oran, N° 15, 1925, mais aussi GARCIA ORO J., " La cruzada del cardenal Cisneros : de Granada a Jerusalén ", Archivo Ibero-Americano, vol. 51 (N° 203-204), 1991, pages 553 à 766. On notera, ici encore, la mise en avant de l’idée de croisade.

[25] GOMARA (LOPEZ DE) F., Guerras... op. cit. Cet aspect est flagrant au début du XVIIe siècle, même si rapidement les Musulmans vont tout faire pour combler ce retard, notamment par le biais des renégats. C'est le cas en particulier au Maroc où des convertis vont former l'armée aux techniques de combat les plus modernes et enseigner aux artisans locaux l'art de fabriquer des arquebuses de bonne qualité.

[26] RICARD R., " Les places portugaises…", op. cit. De nombreuses autre sources, tant anciennes que modernes, évoquent ces razzias non seulement pour le Maroc, mais aussi pour l'ensemble de l'Afrique du Nord. Elle deviendra même un moyen de survie pour les soldats des présides. Sur ce point, voir notamment BONNERY M., Aspects de la vie du préside d’Oran durant la première moitié du XVIIe siècle, mémoire de maîtrise présenté en septembre 2001 à l’Université de Toulouse-Le Mirail sous la direction de Mme BALANCY E., 177 pages.

[27] POLO M., Les enclaves espagnoles au Maroc aux XVI°  et XVII° siècles : de la prise de Mélilla (1497) à l’acquisition définitive de Ceuta (1668), thèse présentée sous la direction de JAMMES R. et LISSORGUES Y.,  Institut d’études hispaniques et hispano-américaines, Université Toulouse- Le Mirail, 1985.

[28] HEERS J., Les Barbaresquesop. cit.

[29] " Hizo gran presente al rey de Túnez, Muley Mahamet, de artillería, caballos, esclavos y otras cosas con que le gano la voluntad " in GOMARA (LOPEZ DE) F., Guerras... op. cit.

[30] HEERS J., Les Barbaresquesop. cit.

[31] " Hubo del rey de Túnez dos fustas […] y salió a correr la mar "  in GOMARA (LOPEZ DE) F., Guerras de... op. cit.

[32] Une bibliographie abondance existe sur le sujet et établir une liste exhaustive semble difficile. Cependant, pour se rendre compte de l'importance d'une infrastructure solide pour les corsaires, on pourra consulter FONTENAY M., " La place de la course dans l’économie portuaire : l’exemple de Malte et des ports barbaresques ", Annales ESC, 1988, pages 1321-1347.

[33] " Solimán tuvo mas respecto a Barbarroja que primero por las cartas de Ibrahim y lo mismo hicieron los bajàs y capitanes, los cuales quisieron conjuntamente con el Gran Señor oír de nuevo a Barbarroja disputar de la guerra con el Emperador y el rey de Túnez " in GOMARA (LOPEZ DE) F., Guerras de... op. cit.

[34] "  Mas el cabo [nda : Barberousse] les aconsejo que se comenzase la guerra por Túnez, mostrándoles a Muley Razit y diciendo como era rey de Túnez y deshecho de los naturales del reino, que desamaban en demasía el rey Muley Azam por avariento, por sucio, lujurioso y por cruel, que matara por reinar 18 hermanos o 20, o los cegara quemándoles los ojos [...] y por favorecedor de los cristianos de Trípoli " in ibid. Tous les autres ouvrages consultés soulignent la cruauté de Muley Hassan qui, après avoir fait massacrer ses 21 frères, fit promener leurs têtes à travers la ville. Seul l’un d’entre eux, Rachid, parvint à échapper à la tuerie et à se réfugier à Alger auprès de Barberousse. Voir notamment HEERS J., Les Barbaresques… op. cit.

[35] Pour illustrer cette idée, on peut ici reprendre les mots de Granvelle qui, quelques années plus tard,  demandait à Philippe II de s’insérer durablement en Tunisie, " ce qui créerait aux Turcs se rendant à Alger par voie de mer de grands empêchements, et leur interdirait toute action terrestre ", source citée par Fernand BRAUDEL dans son article " L’Afrique du Nord " publié pour la première fois dans les numéros 2 et 3 de la Revue Africaine et réédité depuis dans Autour de… op. cit.

[36] " Las acciones en Túnez y Argel indican claramente la prioridad hispana: la lucha contra el corso " in TELLEZ ALARCIA D., " El papel..." op. cit.

[37] BRAUDEL F.,  Autour de… op. cit. 

[38] BRAUDEL F., La Méditerranée… op. cit.

[39] HANNEZO G. (Lieutenant-Colonel), Occupation espagnole de La Goulette et Tunis de 1535 à 1574, Tunis, Société anonyme de l’imprimerie rapide, 1912, 49 pages. Cet ouvrage sera souvent cité dans les développements qui suivent, car il m’a semblé être un excellent résumé de nombreuses sources anciennes et plus difficilement abordables.

[40] " Comenzó [ nda : Barberousse] a reparar y fortalecer el alambra y a echar la mar en el Estaño o Estero que hay de Túnez a La Goleta, y que rodea tres leguas y mas, para tener buen puerto y grande, haciendo una gran zanja de nuevo porque los ojos viejos de junto La Goleta, por do entra y sale el agua, son bajos por las galeras, cuanto mas por navíos. Junto cuantos corsarios pudo para ir contra Sicilia, amenazando también a Nápoles "  in GOMARA (LOPEZ DE) F., Guerras... op. cit.

[41] " La Goleta era fuerte por su natural sitio y por ingenio de hombres, y por haber dentro muchos y valientes turcos y 40 piezas de artillería " in GOMARA (LOPEZ DE) F., Guerras... op. cit.

[42] Toutes les sources s’accordent sur la violence des bombardements opérés par des canons à terre, mais également depuis des galères (évoquées à plusieurs reprises par López de Gomara) qui se déplacent afin de trouver le meilleur angle de tir. Ces mêmes galères seront également impitoyables dans la poursuite des défenseurs qui tenteront de fuir La Goulette au soir du 14 juillet.

[43] Ibid. mais également López de Gomara qui précise que de nombreux déserteurs ont prévenu Charles-Quint de la fuite de Barberousse et de la révolte des esclaves : " Venían ciertos cristianos, y aun moros, a decirle que Barbarroja era ido huyendo y que los cautivos se habían alzado con el alcazaba por Su Majestad, por ese, que fuesen presto "  in GOMARA (LOPEZ DE) F., Guerras... op. cit.

[44] BRAUDEL F., Autour de… op. cit.

[45] " Un traité fut conclu entre l’empereur et le souverain Hafside par lequel ce dernier se reconnut son vassal, s’engagea à rembourser les frais de la guerre, à payer 12.000 ducats d’or par an pour l’entretien de La Goulette, à donner 6 chevaux et 12 faucons, à mettre en liberté tous les captifs chrétiens détenus dans ses états, à respecter l’exercice du culte catholique, à ne repousser ni gêner aucun sujet de l’empereur voulant commercer dans le pays, à ne pas secourir les corsaires, à ne pactiser avec aucun des ennemis de la Maison d’Autriche et à reconnaître les conquêtes faites ou à faire en Afrique sur les Turcs par les Espagnols " in HANNEZO G. (Lieutenant-Colonel), Occupationop. cit. reprenant le texte du traité.

[46] Ibid. La clause stipulant que les galères espagnoles peuvent faire escale le long des côtes peut paraître anodine, mais elle a en réalité toute son importance dans la lutte contre la course barbaresque, en particulier quand on pense qu’une galère doit faire aiguade tous les deux ou trois jours.

[47] Ce titre est important, puisque son détenteur n’est pas seulement un chef de guerre, mais est également investi de tout pouvoir politique, commercial ou judiciaire dans sa zone d’influence. Pour une idée de l’immense pouvoir de cette fonction et des multiples abus qu’elle autorise, voir notamment BONNERY M., Aspects… op. cit.

[48] Tous ces détails sont tirés de HANNEZO G. (Lieutenant-Colonel), Occupationop. cit.

[49] " La exitosa conquista de Túnez es uno de los acontecimientos imperial que más propaganda y escritos genera, por lo que es imposible recoger (…) el gran volumen de impresos y manuscritos españoles e italianos que en la actualidad se conservan sobre estos sucesos, así como por el triunfal paseo por Italia a la vuelta de Túnez " in GOMARA (LOPEZ DE) F., Guerras... op. cit.

[50] BRAUDEL F., Autour de… op. cit.

[51] " La même anarchie se retrouve dans le royaume de Tunis où la dynastie des Hafsides semble réduite à l’impuissance. Le roi n’est même pas maître de la ville de Tunis où il doit se faire protéger par une garde chrétienne. Le Djebel er-Ressas, la fameuse montagne du plomb, aux portes de la ville, échappe à l’autorité du Hafside. Très nombreuses sont les tribus indépendantes du pays tunisien. Au sud, Djerba, grâce à son isolement, échappe à toute souveraineté. Kairouan, la grande ville religieuse, est constamment secouée par les révolutions " in ibid.

[52] " Cette petite place demeurait le centre de préoccupations multiples " in BRAUDEL F., Autour de… op. cit. De nombreux autres développements rappellent l’importance de La Goulette dans le même ouvrage.

[53] El intento de conquistar Argel en 1541 será la repuesta a la primacía de esta regencia berberisca en las actividades corsarias del Mediterráneo Occidental "  in TELLEZ ALARCIA D., " El papel...", op. cit.

[54] Voir RUFF P., La domination espagnole à Oran sous le gouvernement du comte du comte d’Alcaudete (1534-1558), Paris, Bouchène, 1998 (réédition d’un ouvrage paru en 1900 avec une préface de Chantal De La Véronne).

[55] Cité par HEERS J., Les Barbaresquesop. cit. Le but est bien sûr d'affaiblir les ports corsaires par l'interdiction d'un trafic commercial qui se poursuit malgré les ordres officiels.

[56] Si ces tentatives sont à l’heure actuelle clairement attestées, il manque encore un travail d’envergure sur cette question. On sait que les termes de l’accord devaient accorder au corsaire le contrôle de toutes ses conquêtes, en contrepartie d’un retournement d’alliance et surtout, de la mise en œuvre de la flotte algéroise contre celle du Turc. Voir en particulier GOMARA (LOPEZ DE) F., Guerras... op. cit.

[57] " La rivalidad entre Carlos V, Francisco I y Solimán por el Mediterráneo configura decisivamente el papel del Norte de Africa en todo el reinado del emperador "  in TELLEZ ALARCIA D., " El papel...", op. cit. Lors de la prise de La Goulette en 1535, les Espagnols constatèrent que tous les es canons de la place étaient français. Les chroniqueurs notent que toutes les pièces étaient frappées du lys et, pour certaines, de la salamandre.

[58] " Las acciones de Dragut rompen la tregua y obligan a la reacción del Emperador "  in ibid. Voir également ZELTNER J.C., Tripoli, carrefour de l’Europe et des pays du Tchad (1500-1795), Paris, L’Harmattan, 1992, 301 pages, Collection Histoire et perspectives méditerranéennes.

[59] HANNEZO G. (Lieutenant-Colonel), Occupationop. cit. Cette utilisation des soldats pour l’exercice de la terreur est attestée par de nombreuses sources, tant chrétiennes que musulmanes. Progressivement, les troupes du préside n’ont plus consenties à aider Tunis que contre des sommes d’argent de plus en plus élevées.

[60] Sur le Camino Español, voir en particulier PARKER G., The army of Flanders and the Spanish Road (1567-1659) : the logistic of the spanish victory and defeat on the Low Countries’s war, Londres, 1972.

[61] HANNEZO G. (Lieutenant-Colonel), Occupationop. cit.

[62] Braudel affirme que Pie IV avait promis à Don Juan le premier royaume conquis sur les Infidèles en récompense de ses victoires au service de la Foi. C’est sans doute l’explication la plus plausible à l’énergie déployé par le vainqueur de Lépante dans la conquête de Tunis, le fait qu’il ait accepté l’expédition sans le financement nécessaire, et enfin qu’il ait directement désobéi aux ordres de son demi-frère. Voir La Méditerranée… op. cit.

[63] HANNEZO G. (Lieutenant-Colonel), Occupationop. cit.

[64] HEERS J., Les Barbaresquesop. cit. citant MANTRAN M, « L’écho de la bataille de Lépante à Constantinople », Annales, 1973, pages 396 à 405. Voir aussi ALONSO ACERO B., " El norte de África en la pugna hispano-turca tras Lepanto : Orán y Mazalquivir ", in Actas de las V Jornadas Nacionales de Historia Militar. El Mediterráneo : hechos de relevancia histórico-militar y sus repercusiones en España, Séville, 1997, pages 581-597.

[65] HEERS J., Les Barbaresquesop. cit.

[66] Voir AGUILAR P., Memorias del cautivo de La Goleta de Túnez, Madrid, impresores de la Cámara de SM, 1875, 314 pages. Même si ce document est particulièrement difficile d’accès de par sa mise en page des plus chaotiques, il est le seul récit d’un des survivants de la prise de La Goulette.

[67] TELLEZ ALARCIA D., " El papel..." op. cit.

[68] Sur cette bataille, voir VALENSI L., Fables de la mémoire : la glorieuse bataille des trois rois, Paris, Editions du Seuil, 1992, 311 pages. L’auteur ne se borne pas à étudier cette bataille, mais s’attache surtout à montrer l’interprétation qui en a été faite par l’historiographie, et ce pour tous les belligérants. Voir aussi GARCÍA HERNÁN E., " La muerte de D. Sebastián de Portugal y el mundo mediterráneo de finales del siglo XVI ", Hispania, vol. LIV, n° 187, 1994, pages 447-465.

[69] BRAUDEL F., Autour de… op. cit.

[70] BRAUDEL F., La Méditerranée… op. cit. On pourra également consulter SEBAG P., Tunis... op. cit. et ABUN-NASR J., A history of the Magrib, Cambridge, Cambridge University Press, 1971.

[71] SEBAG P., Tunis... op. cit.

[72] BRAUDEL F., La Méditerranée… op. cit. citant un article de ROUSSEAU A. paru dans les Annales Tunisiennes. Paul SEBAG, quand à lui, impute cette révolte aux janissaires, sans savoir exactement quelles en ont été les raisons.

[73] SEBAG P., Tunis... op. cit.

[74] Sur ce point, voir CARDAILLAC L., " Le Turc, suprême espoir des Morisques ",  Actes du I° Congrès d’Histoire de la civilisation du Maghreb, 1979, vol. II, pages 37-46 et du même auteur Moriscos y cristianos, un enfrentamiento polémico (1492-1640), Madrid, FCE, 1979. On pourra également consulter DOMINGUEZ ORTIZ A., VINCENT B., Historia de los Moriscos, vida y tragedia de una minoría, Madrid, 1989, 313 pages. Il est évident que le ressentiment de ces hommes envers l'Espagne est grand et que cette rancœur a joué dans leur reconversion massive dans l'activité de course.

[75] SEBAG P., Tunis... op. cit. mais de nombreux autres ouvrages traitent de l’implication sans cesse croissante des européens (surtout les Protestants) dans la course nord-africaine. On a nombre d’exemples de pirates hollandais ou anglais convertis à l’Islam.

[76] Sur ce point, on pourra consulter BOUBAKER S., La régence de Tunis au XVIIe siècle : ses relations commerciales avec les ports de l’Europe méditerranéenne, Zaghouan, Ceroma, 1987, 248 pages.

[77] L’ensemble de ce dernier développement est inspiré de l’ouvrage de Pierre SEBAG déjà cité.

[78] BACQUENCOURT (DE) M., GRANDCHAMP P, Documents… op. cit.

[79] " Aetatis annorum decem et novem " in " Acte de baptême ( 6 mai 1646) du fils du Dey de Tunis ", Cathédrale de Palerme, N° 339 L. 86 mais aussi " Este turco que es de edad de 19 años " in " Lettre du marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, au roi d’Espagne Philippe IV, écrite de Palerme, le 24 avril 1646 ; reçue le 11 juillet ", AGS, Secretaria de Estado, Leg. 3489.

[80] BACQUENCOURT (DE) M., GRANDCHAMP P, Documents… op. cit.

[81] " Este es el castillo nuevo que hizo fabricar el rey Amat padre del príncipe Don Felipe" in AGS, Estado, 4159.

[82] " Il padre de Don Filippo ha regnato con applauso grande del popolo " in " Lettre écrite à Monseigneur Alberici par Anatario Kirchereo, Francesco Sordi, Fra Lelio da Treviso ", Archives de la Propagande, Rome, Africa 16. 17., Tunisi, Guinea, Vol. 254, Leterre Antiche.

[83] " Prohibì la scala franca per li schiavi del Bagno, cofarli tutti rapare, e trattare con istraordinarie crudeltà " in  " Breve, ma distintissima Relacione della conversione alla Santa Fede del primogenito del Re di Tunisi, Mamet Celebi, hoggi detto D. Filippo Day. Con l’aggiunta delli risentimenti fatti dal Padre all’annuncio della partenza. In Roma et in Firenze", 1646, Biblioteca Nazionale Centrale, Florence.

[84] " Habia 3 (nda : ans) que Nuestro Senor le inspiro acerse cristiano " in " Lettre du marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, au roi d’Espagne Philippe IV, écrite de Palerme, le 24 avril 1646 ; reçue le 11 juillet ", op. cit.

[85] BACQUENCOURT (DE) M., GRANDCHAMP P, Documents… op. cit. citant des ouvrages antérieurs d’histoire religieuse.

[86] Ibid. mais rien dans les archives consultées ni dans les notes de bas de page de l’ouvrage consulté ne vient confirmer ceci.

[87] ibid. avec la même remarque que précédemment. Il semble inconcevable que dans aucune archive ne soient évoqués ces deux faits marquants de la vie du jeune prince.

[88] Pour un aperçu de l’accueil réservé à ces exilés politiques, voir en particulier IBARRA DE BUNES M. A., La vida en los presidios de norte de Africa, Madrid, 1988. De nombreux autres exemples ponctuent les ouvrages, tant anciens que moderne. Il est d'ailleurs dommage qu'aucun travail de synthèse n'ait été fait publié sur cette question.

[89] " Che in quella patria  e fortuna non poteva la bella planta o nascere, o mantenersi " in " Breve, ma…", op. cit.

[90] "  Vsaua spesso a casa del Day un tal Giuseppe Bartolla Trapanese, che viuea corseggiando: con questo ragionando il Celebi, si auuide, ch’ei pur nel cuore conseruaua la Fede di Giesù Christo, co’l desiderio del ritorno "  in ibid.

[91] "  Deseando allar ocasion oportuna para pasar a Malta adonde le tiro su inclinacion con achaque de ir a una Caza por Mar hiço conponer una barca y con los dichos cristianos esclavos, y renegados se embarco en ella con ocho Moros " in " Lettre du marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, au roi d’Espagne Philippe IV, écrite de Palerme, le 24 avril 1646 ; reçue le 11 juillet ", op. cit.

[92] " Peleando el y los captivos y renegados con ellos (nda : les Maures) los hecharon a la mar " in ibid.

[93] " Venidoles un temporal hallandose a vista de este Reyno (nda : le royaume de Sicile) hicieron fuerza y llegaron a Maçara " in ibid.

[94] "  Fuit nomen Innoccentius Philippus Petrus Ferdinandus Ignatius "  in "Acte de baptême…", op. cit.

[95] " Li patrini foro il vicerè e viceregina " in  " Note signalant l’arrivée à Palerme, le 15 avril 1646, du fils du roi de Tunis, et son baptême le 6 mai suivant ", Archivio di Stato in Palermo. Protonotaro del Regno. Segretria. Cerimoniali. Anni 1598 a 1665, registro di N. P di Conser., 1060, pag. 364.

[96] "  Después de haber hecho cristiano a este caballero estoy con resolución de que si mostrare gusto de irse a Roma como lo ha insinuado darle lo necesario para que haga su viaje por salir del empeño y gastos que será forzoso hacer con el si hubiese de ir a España " in " Lettre du marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, au roi d’Espagne Philippe IV, écrite de Palerme, le 24 avril 1646 ; reçue le 11 juillet ", op. cit.

[97] BACQUENCOURT (DE) M., GRANDCHAMP P, Documents… op. cit. mais aucune source n’a confirmé cet aspect.

[98] Ibid mais à l’inverse de l’idée précédente, il semble évident que Don Philippe n’ait pas tenu dans ses lettres à s’étendre sur un sujet épineux.

[99] Cet aspect est avéré. Même s’il peut servir le roi d’Espagne dans tous ses territoires, Don Philippe doit être tenu à l’écart des ports : "  Se le procure apartar de los puertos marítimos " in Procès-verbal de la séance du Conseil d'Etat, tenue à Madrid le 28 mai 1648, à laquelle assistent le comte de Monterrey, les marquis de Caltel Rodrigo, de Valparaiso et de Velada ", AGS, Secretaria de Estado, Leg. 4107.

[100] BACQUENCOURT (DE) M., GRANDCHAMP P, Documents… op. cit. Même si rien ne vient par la suite confirmer cette version des faits, j’adhère à cette analyse des raisons qui ont poussé Don Philippe à quitter l’Espagne.

[101] Cette version des faits est sans cesse rappelée. On pourra citer quelques exemples : " Llevado después a Berbería por traición de un capitán ingles " in AGS, Estado, 4159 ; " Nel ritorno che s’era proposto di fare in Italia sopra un vassello inglese, fù dalle pessima fede fede del capitano che da Malaga li fece credere de voler fa vuela verso Cività Vecchia ricondotto per subornatione della madre, riccae potente, nella città di Tunisi, et alle tenebre dell’infedelta alle quali gl’era riuscito di sottrarsi " in " Desiderio d’un principe de Tunisi di restituirsi nella nostra santa fede, non eseguito per varii impedimenti ", 1670, Bibliothèque Nationale, Fonds italiens, 689, Divers écrits, relations et autres pièces concernant la cour de Rome, tome II et " Fi ricondotto proditoriamente in quella città da un padrone di nave inglese " et " Procurato il perdono dell’errore contro la sua volontà commesso, essendo in quella città a tradimento da un capitano di nave inglese " in  " Lettre écrite à Monseigneur Alberici par Anatario Kirchereo, Francesco Sordi, Fra Lelio da Treviso", Archives de la Propagande, Rome, Africa 16. 17., Tunisi, Guinea, Vol. 254, Leterre Antiche.

[102] " Siano scorsi alcuni anni " in  " Lettre écrite à Monseigneur Alberici…", op. cit.

[103] El príncipe havia ido a hacer su viaje a Tierra Santa "  in AGS, Estado, 4159.

[104] " Para hacerse mas platico de las cosas del Turco, como por no dar sospecha de si después de la partida de Banfi de Túnez " in AGS, Estado, 4159.

[105] " Húmilmente suplicándolo del perdono et absolutione " in " Lettre écrite à Monseigneur Alberici… ", op. cit.

[106] BACQUENCOURT (DE) M., GRANDCHAMP P, Documents… op. cit. mais aucune allusion à cette nomination dans les divers courriers concernant Don Philippe.

[107] SEBAG P., Tunis... op. Cit.

[108] " Ce qui obligea Mourad bey à " saisir " El Hadj Mohammed, fils du dey Ahmed Khodja [nda : Don Philippe] et Ahmed, fils du caïd Djafer, c’est que le dey Chaban Khodja avait promis à l’un d’eux le commandement de la colonne d’été, à l’autre celui de la colonne d’hiver " in " Extrait de El-Ouzir Es-Seradj, relatif à Don Philippe et à la mort de celui-ci ".

[109] SEBAG P., Tunis... op. cit. Cette pratique n'est pas spécifique à Tunis. Alger organise elle aussi une expédition annuelle sur l'arrière-pays. Il en va de même au Maroc.

[110] La conclusion de la vie du prince est un résumé de l’ " Extrait de El-Ouzir Es-Seradj…", op. cit. Aucun autre texte n’est disponible sur la fin de Don Philippe d'Afrique.

[111] Debajo del despótico gobierno del rey llamado en lengua arábiga day el cual manda y gobierna absolutamente y sin ninguna dependencia”  in AGS, Estado, 4159.

[112] "  Este se elige siempre que no queda nombrado sucesor por el antecesor pues tiene autoridad de nombrarlo " in ibid.

[113] Voir en particulier SEBAG P., Tunis... op. cit.

[114] La segunda persona después el Day es el Bey " in AGS, Estado, 4159.

[115] " Che noi diremo l’Infante Mamet, giovinetto di anni 19 allevato dal Padre ad una quasi certa speranza di quello Scettro, toccando al Day di nominare in morte un che primo, e senza contrasto di concorrenti, entri al partito della elettione " in " Breve, ma distintissima Relacione…"  op. cit.

[116] " Nè gli mancauan perciò ò il fauor populare, ò il merito della persona " in ibid. Suit une liste disparates de qualités.

[117] " Parti dalla Sua Reggia, per più mai non riuederla Mamêt Celebi, abbandonando il Rè Padre, la Regina Madre, con cinque fratelli, la nouella sposa, e con essi quanto il mondo e il senso gli haueuano ò dato, ò promesso di piaceri e di honori " in ibid.

[118] " Figlio del re de Tunisi " in " Note signalant l’arrivée à Palerme, le 15 avril 1646, du fils du roi de Tunis, et son baptême le 6 mai suivant ", Archivio di Stato in Palermo. Protonotario del Regno. Segretria. Cerimoniali. Anni 1598 a 1665. Registro di N. P. di Conser., 1060, page 364.

[119] " Mahamet hijo primo genito del Rey que llaman de Túnez y su titulo propio después que el Gran Turco agrego aquel reino a su dominio es Bey, oficio de por vida que el Turco da por servicios particulares y suele confirmarle a los sucesores si son a propósito para ello y que tiene todo el Gobierno y la administración de la Hacienda " in " Lettre du marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, au roi d’Espagne Philippe IV, écrite de Palerme, le 24 avril 1646 ; reçue le 11 juillet ", op. cit.

[120] " Con algunas alazas de cuya calidad se conoce la de su persona " in " Lettre du marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, au roi d’Espagne Philippe IV, écrite de Palerme, le 24 avril 1646 ; reçue le 11 juillet ", op. cit .

[121] " Las riquezas y comodidades que dejo en su tiernasolo " in " Lettre du marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, au roi d’Espagne Philippe IV, écrite de Palerme, le 10 août 1646 ; reçue le 11 septembre", AGS, Secretarias provinciales, leg. 1165.

[122] " Habiendo procurado saber del que prevenciones se hacían en Berbería este año ha dicho que en el puerto de Argel estaban aprestados 20 navíos de alto bordo, 30 pataches carabelas y polacas y 3 galeras en Túnez las 7 de Bizerta 9 navíos de alto bordo armados de infantería pagada. En Trípoli 4 navíos de alto bordo y 2 galeras armadas de la misma gente " in " Lettre du marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, au roi d’Espagne Philippe IV, écrite de Palerme, le 24 avril 1646 ; reçue le 11 juillet ", op. cit.

[123] " El cardenal le llevo y tubo en su casa y me pidió enviase poder a alguna persona para que en mi nombre le sacase de Pila porque el gustaría de darle el Bautismo y hacer la función por la suya "  in ibid.

[124] " Tuve carta de Mahamet, con uno de los cautivos cristianos que me envió sin que el Cardenal lo entendiese, pidiéndome no permitiese que se bautizase en Mazara por que se le desconsolaría mucho si la función no se hacia aquí, en Roma o en España"  in  ibid.

[125] " Acte de baptême…", op. cit.

[126] "  Si vestio [nda : Don Philippe] de sgarlato con guarnizione d’argento e il vicerè ci fece quattro vestiti, la signora viceregina ci presento dui piatti d’argento pienni di biancheria, il presidente di Roccafiorita ci presento una catena pizziata di oro, l’arcivescovo un’altra catena d’oro con un croce di diamanti" in " Note signalant…", op. cit.

[127] "  Me pareció forzoso traerle a mi casa y señalarle cada cien escudos para el gasto de su familia y estos se han ido librando de gastos secretos por cuenta de VM " in " Lettre du marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, au roi d’Espagne Philippe IV, écrite de Palerme, le 10 août 1646 ; reçue le 11 septembre ", op. cit. 

[128] " Viéndole inclinado (nda : Don Philippe) a la religión de San Juan y habiendo entendido que por medio de los jesuitas  la manifestó al Gran Maestre y le suplicaron de su parte le honrase con el habito y la Gran Cruz " in ibid.

[129] La " Lettre du marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, au roi d’Espagne Philippe IV, écrite de Palerme, le 10 août 1646 ; reçue le 11 septembre", op. cit. énumère en détail les procédures entreprises et les personnes intéressées.

[130] " Podría VM servirse de señalarse dos mil ducados de pensión en los obispados de Catania y Mazara que al presente están vacos " in "Lettre du marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, au roi d’Espagne Philippe IV, écrite de Palerme, le 10 août 1646 ; reçue le 11 septembre", op. cit.

[131] "  Si el tuviese el habito de San Juan se le podrían dar en las primeras ocasiones que hubiese " in " Procès-verbal de la réunion du Conseil d'Etat tenue à Madrid le 21 septembre 1646 où intervinrent le duc de Villa Hermosa et le marquis de Loriana", AGS, Secretaria de Estado, leg. 3489.

[132] " Mando VM remitir a este consejo diferentes papeles presentados de parte de Don Felipe de Africa en que funda la pretensión que tiene de ser tratado como hijo (que dice ser) del rey de Túnez " inProcès-verbal de la séance du Conseil d'Etat, tenue à Madrid le 28 mai 1648… ", op. cit.

[133] On pourra citer le duc de Bavière, le Cardinal Panzirolo, Doña Olimpia et d’autres personnages.  Voir Procès-verbal de la séance du Conseil d'Etat, tenue à Madrid le 28 mai 1648, à laquelle assistent le comte de Monterrey, les marquis de Caltel Rodrigo, de Valparaiso et de Velada ", AGS, Secretaria de Estado, Leg. 4107.

[134] " Hay también otra carta que dice ser del rey que al presente es de Túnez, llamado Aggi Maometo, en que le avisa la muerte del padre deste Don Felipe "  in ibid.

[135] " Su Santidad en el Breve que mando expedir para que pudiese recibir la Gran Cruz de San Juan " in ibid.

[136] " Estos papeles que se han presentado de parte de Don Felipe de Africa suponen poco y que dellos no se puede hacer concepto que obligue a alterar la resolución que VM tiene tomada de que en materia de cortesías"  in ibid.

[137] " Por lo que se ha escrito y entendido de la variedad de su natural " in ibid.

[138] Ha hecho un papel en que funda su razón, y suplica sea servido de mandarle remitir a Ministros de Letras, que tengan las noticias de historia y derechos, que pide la materia, para que examinada su justicia en el tratamiento de su persona se le haga la honra que pareciese merece y que se tome breve resolución respecto de que ya no tiene posibilidad para durar en la pretensión y vivir en España" in  Procès-verbal de la séance du Conseil d'Etat, tenue à Madrid le 28 mai 1648…", op. cit.

[139] BACQUENCOURT (DE) M., GRANDCHAMP P, Documents… op. cit.

[140] " Estimado de los naturales del país" in AGS, Estado, 4159.

[141] " (Le pays) est gouverné par un dey qui a toute l’autorité absolue. Il est gardé par 4.000 Turcs et Andalous qui sont dans la ville de Tunis " in " Proposition de mettre le royaume de Tunis sous l’obéissance du roi de France (1686)", Archives du Ministère des Affaires Etrangères, Mémoires et documents, Afrique, Tunis, 1660-1718, Tome VIII, folio 175. Ce sentiment est identique dans l'ensemble des zones d'Afrique du Nord contrôlées par l'Empire Ottoman. Voir en particulier ABUN-NASR J., A history of the Magrib, Cambridge, Cambridge University Press, 1971.

[142] " Les Arabes sont les ennemis jurés des Turcs et très affectionnés à la personne dont il s’agit (Don Philippe)" in ibid.

[143] "  Aunque Moros y Alárabes son de misma lengua y ley y se mezclan por casamiento, difieren mucho en las costumbres y linaje "  in GOMARA (LOPEZ DE) F., Guerras... op. cit.

[144] " Dicen comúnmente que cuando vino a España fue para pedir socorro a VM para librarlos de la tiranía de los Turcos " in AGS, Estado, 4159.

[145] Le tienen por finísimo moro" in ibid.

[146] Renegados y moros sus adherentes"  in ibid.

[147] Per la comodità d’una sua casa di campagna in molta vicinanza del mare, e di persone fedeli, e sue confidenti"  in " Desiderio d’un principe de Tunisi di restituirsi nella nostra Santa Fede, non enseguito per varii impedimenti (1670)", Bibliothèque Nationale, Fonds italiens, 689, Divers écrits, relations et autres pièces concernant la Cour de Rome, Tome II.

[148] Cette maison se trouve dans le village de La Cebala, situé à environ 12 kilomètres de Tunis et 50 de Bizerte. L’ouvrage de Marthe de Bacquencourt et Pierre Grandchamp propose même quelques photographies. Sur le plan de Tunis fourni en annexe, elle apparaît clairement disproportionnée et désignée par la lettre O avec la mention "Raspatia, giardino del Prencipe don Filipo con torre moi alta" .

[149] " El príncipe tiene 400 cristianos en su galera, 7 hermanos valerosos menores del, muchos moros súbditos suyos, un palacio fuera de Túnez llamado Rastapia con una torre que descubre 50 millas en la mar, una casa en medio de los castillos de La Goleta (...) y otras casas en todas las partes donde hay fortalezas "  in AGS, Estado, 4159.

[150] " Con el favor de los cristianos "  in ibid.

[151] "  Amaua egli da fanciullo, sensa saperne perchè, gli Schiavi Christiani, e con isconosciuta affettione andaua dietro a chi meglio sapesse delle cose nostre fauellare, informauasi con gran suo piacere delle Città, dé costumi, del tratto, dello splendore, e della politia dé Christiani, é il Signore per adescarlo al midollo, gli rendea dolce qualla scorza di humana civiltà, onde vien fuori adornata la santità della nostra Religione " in " Breve, ma distintissima Relacione…", op. cit.

[152] " Este Turco que es de edad de 19 años havia tres que Nuestro Señor le inspiro a hacerse Cristiano, y con este deseo fue aprendiendo la lengua italiana en que esta bastante capaz para poderse instruir de los artículos de nuestra Santa Fe con la comunicación de algunos de muchos cristianos esclavos y sacerdotes que tenia su padre" in " Lettre du marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, au roi d’Espagne Philippe IV, écrite de Palerme, le 24 avril 1646 ; reçue le 11 juillet ", op. cit.

[153] " Nel 1669 Filippo Carlo suddetto con caldissime lettere alla Santità di Nostro Signore Clemente IX, di memoria immortale (...) supllico sua Beatitudine che si degnasse d’ammetterlo nuovamente all’ovile di Christo la cui fede protestava di haver incessamente serbata del cuore "  in " Desiderio d’un principe...", op. cit.

[154] "  Il continuo desiderio del Principe d’uscire dale tenebre dell’infedeltà e dal pericolo della morte eterna "  in ibid.

[155] " Ha composto tutta sua famiglia di schiavi christiani, eccettuando due mori, che sono suoi musici, anzi uno di questi havendo penetrato l’interno del patrone si è fatto secretamente battezare " in " Lettre écrite à Monseigneur Alberici… ", op. cit.

[156] " Certi gesuiti e un monaco " in " Note signalant...", op. cit.

[157] " E perchè fosse con più diligenza, e quiete ammaestrato nelle cose della Santa Fede, vole il prouido Principe mandarlo ad albergo nella Casa Professa de’ padri della Compagnia de Giesù "  in " Breve, ma distintissima Relacione…", op. cit.

[158] " Este Turco es hombre de buena suerte y de muy buen talento según la relación que me han hecho los religiosos que le asisten "  in " Lettre du marquis de Los Velez, vice-roi de Sicile, au roi d’Espagne Philippe IV, écrite de Palerme, le 24 avril 1646 ; reçue le 11 juillet ", op. cit.

[159] " Fue llevado a berbería por traición de un capitán ingles mientras quiso pasar de Málaga a Liorna el año de 1649 como consta por mi testimonio del vicario general de Cartagena” in AGS, Estado, 4159.

[160] " El deseo que siempre ha tenido de reducir aquel reino a la Santa Fe y debajo la protección y tributo de SM con librar cerca de 12 000 cristianos que se hallan allí, todo lo cual lo fió a Fraile Marcos de Piedra García redentor de cautivos " in AGS, Estado, 4159.

[161] Le meilleur exemple en est sans doute la « Lettre écrite à Monseigneur Alberici par Anatario Kirchereo, Francesco Sordi, Fra Lelio da Treviso » où trois religieux implorent au nom de Don Philippe le pardon du pape Clément X et fournissent une longue liste de témoignages ecclésiastiques venant étayer leur demande.

[162] Parmi les nombreux ouvrages et travaux consacrés à ce thème, on pourra se reporter à un article de synthèse : BENNASSAR B., " Les migrations religieuses et le cas des renégats " in VILLAIN-GANDOSSI C. (dir.), Méditerranée, mer ouverte : actes du colloque de Marseille (21-22-23 septembre 1995), Montpellier, Presses universitaires de l’université Paul Valéry, 1997, 942 pages (2 volumes).

[163] " Julio Banfi milanes fue cautivo en Túnez y puesto en libertad por el príncipe Don Felipe Carlos de Austria príncipe de Túnez " in AGS, Estado, 4159.

[164] Stato schiavo molti anni "  in " Desiderio d’un principe...", op. cit.

[165] Ofreciéndose prontísimo a ejecutar todo lo que se le ordenase por el servicio de Dios, del Rey y del dicho Príncipe a quien debe su libertad " in AGS, Estado, 4159.

[166] Julio Banfi, de Milán ingeniero militar en nombre y de comisión de dicho príncipe como por las cartas y relaciones presentadas como ya de todo que queda informado en voz del dicho Banfi ", mais aussi " En fin del ano 1656 resolvió enviar persona expresa y para este efecto escogió a Julio Banfi milanes a quien fió su pensamiento y le dio instrucción y cifra, y le constituyo su procurador general por escritura otorgada en Túnez a los 31 de julio de 1656. Y esto lo hizo para acreditar al Banfi "  in ibid.

[167] Le dio diferentes cartas así para SS como para (...) el Cardenal Trivilio a quien había conocido en Sicilia. Habiendo llegado Banfi a Milán hallo que había muerte el cardenal Trivilio " in AGS, Estado, 4159.

[168] Luego paso a Roma a los pies de SS y le entrego la carta que llevaba dejándole la intención. Y SS mando que el cardenal Guigi respondiese en su nombre (como lo hizo) al príncipe de Túnez dando a Banfi la carta " in ibid.

[169] " Paso después Banfi a Florencia a entregar la carta del Príncipe de Túnez al Gran Duque, el cual respondió que no faltaría por su parte a obrar cerca de SM y SS cuanto pudiese para que tomasen en tiempo oportuno resolución sobre impresa tan importante pero que el solo aunque nos havia gran inclinación no podía entrar en ella " in AGS, Estado, 4159.

[170] " Hasta haber tenido carta de Túnez de 20 de noviembre de 1659 por la cual la avisaba el príncipe su vuelta y solicitaba la respuesta de lo que le tenia encargado " in ibid.

[171] " El Príncipe tendrá modo de recibirlas (nda: les armes) con pretexto de mercaduría y Banfi se ofrece a llevarlas y ejecutar todo lo que se le ordenare en orden al servicio de SM "  in ibid.

[172] " A  visto y reconocido muy bien el país y las fortalezas, siendo su profesión de ingeniero militar " in ibid.

[173] " Parece al consejo que se admita la proposición que Julio Banfi a hecho en nombre del príncipe de Túnez, y que vuelta a despachar enviando con el alguna persona inteligente y de satisfacción que pueda informarse diestramente y con recato y traer distinta relación de todo "  in ibid.

[174] " A lui fosse confidato l’assoluto commando de vascelli " in " Desiderio d’un principe...", op. cit.

[175] " E che unicamente haverebbe saputo trovar il modo di ben concertare l’impresa e di condurla a suo fine " in ibid.

[176] " Lettre du chevalier de Beauchamps au Cardinal Altiere, Préfet de la Propagande, 1671", Propagande, Scritture riferite nella Congregacione generale, Vol. 430.

[177] In BACQUENCOURT (DE) M., GRANDCHAMP P, Documents… op. cit. citant un ouvrage antérieur de Pierre GRANDCHAMP, La France en Tunisie au XVIIe siècle (1651-1660), Tome VI, Tunis, 1928.

[178] RICARD R., " Les places portugaises…", op. cit.

[179] TELLEZ ALARCIA D., " El papel...", op. cit. . Sur cette collaboration, de nombreux autres exemples pourraient être cités, comme par exemple celui des Moros de Paz, autochtones qui servent de cavalerie auxiliaire aux Espagnols des présides dont ils sont les alliés en contrepartie d'une protection contre les Turcs et leurs tribus alliées. Voir notamment BONNERY M., Aspects… op. cit.

[180] Su intento de reducir aquel reino a nuestra Santa Fe debajo la protección y tributo de VM dando libertad a cerca de 12.000 cristianos " in AGS, Estado, 4159.

[181] Se mantenga el presidio cristiano con las rentas que hoy tienen los turcos y el tributo" in ibid.

[182] Ce thème revient, avec celui du tribut, de façon lancinante dans ce dossier. On peut citer par exemple " Mantener el presidio cristiano con las mismas rentas que los Turcos ofreciendo a VM el tributo" ou " El deseo que siempre ha tenido de reducir aquel reino a la Santa Fe y debajo la protección y tributo de SM con librar cerca de 12 000 cristianos que se hallan allí "  in ibid. On peut d'ailleurs constater sur le plan de Julio Banfi que l'ingénieur a même tracé en pointillés le contour du futur fort de La Goulette répondant aux canons de la fortification de l'époque. Il propose de construire un autre fort sur une île déserte au centre le la lagune (désigné par la lettre M), et un quatrième à l'entrée de la ville (K).

[183] Quedando el príncipe con la autoridad y titulo de rey en la conformidad que el Emperador Carlos V dejo al rey moro después de haber vencido a Barbaroja" in ibid.

[184] La potencia de este reino es notoria y se sabe el riesgo a que puso el imperio romano "  in ibid.

[185] Túnez fabricada de las ruinas de la antigua Cartago" in ibid. Il est évident que Don Philippe connaît la légende que l'historiographie officielle de Charles-Quint a construite autour de la prise de Tunis et veut s'y rattacher. Banfi désigne d'ailleurs sur son plan les ruines de la cité antique par la lettre X.

[186] Es de tanta importancia este reino que el glorioso Emperador Carlos V no se desdeño de ir en persona a aquella empresa" in AGS, Estado, 4159.

[187] Sin ninguna inteligencia lo cual dificulto la expugnación de aquella ciudad "  in ibid.

[188] Carlos V fue para restablecer al rey moro que se hallaba fuera de su casa y el príncipe se halla en ella y católico aunque creído moro" in ibid.

[189] " Un muy pequeño cuerpo de armada " in ibid.

[190] "  Y este quede dicho para que se vea que aquel rey vive independiente del Turco y que solo por política reciben aquel Baja para dar a entender que tienen la protección del Gran Señor" in AGS, Estado, 4159.

[191] " Sin exponerla a ningún riesgo" et " Dicha empresa no tiene dificultad ninguna "  in ibid.

[192] "  El caso presente es mucho mejor y mas seguro " in ibid.

[193] " Y cuando por algún accidente no se consiga enteramente el intento, no padecerían las armas de VM riesgo alguno, teniéndole solo el príncipe y sus confidentes, y a lo menos se libraran los esclavos y se ocupara La Goleta"  et " Y cuando no se consiguiese otra cosa se librarían tantos pobres esclavos, se ocuparía La Goleta que con poquísimo trabajo se pondría en defensa para poder después con el tiempo adelantarse, lo cual no se debe poner en duda, ni tampoco revelar ningún mal encuentro, supuesto que hoy no tienen armada por mar como se sabe"  in ibid.

[194] C'est ici une autre similitude avec la conquête de Tunis par Charles-Quint. La chute de la ville a en effet été précipitée par une révolte servile.

[195] Cet engin destiné à faire sauter les fortifications est constitué d’une boite en fer remplie de poudre et posée sur un madrier en bois.

[196] " Pero para esta empresa necesita el príncipe de tener armas para poder armar por lo menos 600 hombres  y estas harán de ser armas cortas a saber pistolas y espadas, pólvora y balas"  et " Y las dichas armas deben ser carabinas, pistolas espadas en numero de 600 para cada genero además 4 petardos para echar abajo las puertas que fuere menester y pólvora y balas para las dichas armas" in AGS, Estado, 4159.

[197] " Las dichas armas (...) se podrán proveer en el estado de Milán a donde son muy baratas y enviarlas al Final en donde se podrán embarcar para Túnez " in ibid.

[198] Les navires italiens sont reproduits sur le croquis avec la note Z : " navíos de mercaderes en puerto ".

[199] El navío en que se habrán de embarcar deberá ser de mercaderes o de Génova, o de Liorna, o de Marsella o otros que van alla" in ibid.

[200] Et sans doute entreposées dans la maison désignée par un D sur le plan et qui, dans la légende, est désignée comme "Casa del Principe Don Felipe y sus hermanos".

[201] En cuanto a introducir las dichas armas en Túnez no hay dificultad porque cualquier cosa que entra en la ciudad entra libremente sin que se reconozca porque no paga gabela, pero cuando sale alguna cosa en Túnez se paga el dicho al rey"  in AGS, Estado, 4159.

[202] A lo menos (...) 18 navíos entre galeras y navíos" et " Para la ejecución de todo solo pide el príncipe que VM envié algún cuerpo de armada y gente para apoderarse de los castillos y torres (que tiene por fácil)"  in ibid.

[203] Y podrá enviar a La Goleta un navío con titulo de mercantil con bandera de Génova o Liorna. Y el dicho navío dará aviso al príncipe y con faluca del mismo navío, podrá el príncipe responder" in ibid.

[204] " Y cuando el enviar un navío tenga dificultad se podrá enviar una faluca y dentro de ella, uno en habito de fraile o con efecto algún religioso, el que ira luego desecho a La Goleta con bandera blanca con excusa de queja para tratar de remitir cautives, que este desne le hacer. Y se podría luego volver a despedir su misma faluca por la respuesta" in AGS, Estado, 4159.

[205] El príncipe le dará las señales allá cerca de La Goleta en parte segura en donde podrán desembarcar la gente que será menester para el efecto" et " El príncipe quedara los señales a donde se deberán desembarcar y ya para el efecto"  in ibid.

[206] 400 hombre con todos pertrechos y escalas para sorprender los dos castillos de La Goleta" in ibid.

[207] En cuanto a los dichos bastimentos le queda informado de todo como se ha dicho que ni tienen defensa ni gente ni pueden esperar socorros" in ibid.

[208] Los dos castillos o torres en las cuales no hay mas guarnición que 40 Turcos en cada una y aun menos ni hay fortificación, ni foso, ni contraescarpa por de fuera ni por de dentro ninguna retirada ni otra defensa que la simple muralla sin ningún flanco que la guarde" in ibid.

[209] En el que esta de la parte del Poniente hay 24 piezas de artillería y en el otro que esta de la parte de Levante hay 7 piezas (...) y muy grandes todas de bronce " in ibid.

[210] Están lejos uno del otro 250 pasos andantes y de la mar cerca de pasos 50 " in ibid.

[211] " Con tener esta retirada cierta " in AGS, Estado, 4159.

[212] " Pasando correspondencia con el príncipe porque pretende hacer en mismo tiempo su operación dentro de Túnez "  in ibid.

[213] Y el dicho príncipe en el mismo tiempo que las armas de SM obraran en La Goleta con los cristianos y otros adherentes suyos ocupara el castillo de Túnez y las casas principales" mais aussi " Con el favor de los cristianos y moros adherentes suyos y algunos renegados"  in ibid.

[214] Y demás desto tendrá modo de abrir todos los baños que son 7 donde ay encerrado cerca de 4.000 cristianos" in ibid.

[215] " El tiempo que es a propósito para dicha empresa son los meses siguientes, a saber: Octubre, noviembre, diciembre, enero, febrero y marzo. En uno de dichos meses se podrá hacer dicha empresa. Y la causa es que los cristianos, cautivos se hallan en Túnez en los dichos meces y en los demás la mayor parte están fuera de la cuidad en los jardines y en los campos a trabajar y otros están a corzo con las galeras de Bizerta" in AGS, Estado, 4159. Les bagnes sont désignés sur le plan par la lettre H.

[216] Conseil de la milice des janissaires, qui a un rôle plus ou moins direct dans la vie de la régence selon les périodes. Voir en particulier SEBAG P., Tunis... op. cit.

[217] Donde hay mas de 60 mosquetes"  in ibid.

[218] Ces objectifs sont parfaitement visibles sur le plan. Le B et le C sont la Casbah de Tunis et le palais du bey, le E la demeure du Mufti, le F le palais du bey.

[219] No faltaran armas (...) habiendo hecho este primer golpe" in ibid. La lettre G désigne d'ailleurs la douane et l'arsenal de Tunis.

[220] Dar muerte a las cabezas principales y a todos los que se le opusiesen y ocupar los puestos principales para poderse dar la mano con la armada cristiana que se hallase a La Goleta" in ibid.

[221] " Dar la mano con las armas de SM las cuales deberán hallarse en La Goleta para asegurar la empresa" in ibid.

[222] Cette fuite semble être motivée par l’échec de la conjuration de Sha’bân Khûja. Même si elle ne sera finalement étouffée qu’en 1672, il est clair dès 1670 que cette tentative de coup d’état est déjouée.

[223] " Scrisse a Sua Majestà un Breve efficace che l’invitava alla gloria dell’opera " in " Desiderio d’un principe...", op. cit.

[224] " Con 400 schiavi, con qualche numero di rinegati, e con tante richesse da poter senza l’altrui souvenimento viver sempre da principe " in ibid. Pourquoi une telle garantie? Peut-être les espions de Louis XIV sont-ils renseignés sur l'épisode espagnol?

[225] " Passaporti de Nostro Signore et del re, con quali il principe potesse assicurar se stesso e le sue richesse " in ibid.

[226] " De fortezze di consideratione non v’e altra che Biserta, ma in quella città D. Filippo ha nelle mani un fortissimo palaggio, che molto facilitarebbe la caduta, del resto La Golletta, Porto Farina, e simili sono come tanti terrioni. Bona e Constantina non sono atte di far resistenza dovrebbe solo per tempo esser provisto d’architetti militari, e de buoni maestri de fuochi artificiali " in " Lettre écrite à Monseigneur Alberici…", op. cit.

[227] Ibid.

[228] " Proposition de mettre le royaume de Tunis sous l’autorité du roi de France (1686)", BACQUENCOURT (DE) M., GRANDCHAMP P, Documents… op. cit.

[229] " Il est très avantageux d’avoir un pays si beau et si fertile qui bride une partie de l’Italie et assujettit le passage de Levant à l’Occident, en façon qu’étant sous le pouvoir des chrétiens il détruit directement le pays d’Alger qui ne peut être gardé et défendu que par des milices turques qui y viennent de Constantinople et de la Natolie, ainsi leurs forces diminuant sur terre et sur mer le commerce de l’océan et de la Méditerranée se rend libre et sans danger" in ibid.

[230] Ibid.

[231] Ibid.

[232] Pour un aperçu de la faiblesse de la flotte de guerre espagnole, voir en particulier GOODMAN D., Spanish naval power, 1589-1665. Reconstruction and defeat, Cambridge, 1997.

[233] Sur ce point, voir en particulier SANCHEZ HERRERO M., El acercamiento... op. cit. L’auteur étudie dans le détail les intérêts communs qui poussent l’Espagne et les Provinces-Unies à collaborer à la fin du XVIIe siècle pour lutter contre la France et les Barbaresques.

[234] Voir CARON E., La politique ottomane de la France depuis la levée du siège de Vienne (1683) jusqu’à la paix de Karlowitz (1699), thèse présentée sous la direction de BERENGER P., université de Paris IV, 1998.

[235] En effet, au cours des années 1680, des bombardements de plus en plus efficaces ont obligé les grandes régences à s’allier à la France et à n’attaquer que des flottes et les côtes des espagnols et de leurs alliés. Voir PETER J., Les barbaresques sous Louis XIV : le duel entre Alger et la marine du roi (1681-1698), Paris, Economica, 1997, 264 pages, Collection Hautes études maritimes.

[236] Elle a en 1669 perdu sa dernière grande possession, l’île de Candie avec la bienveillance des Français qui, étant à la fois alliés des Vénitiens et des Turcs, se borneront durant tout le conflit à éviter le combat avec l'Empire Ottoman. Voir SETTON K., Venice, Austria and the Turks in the seventeenth century, Philadelphie, American Philosophical Society, 1991, 502 pages, Collection Memoirs of the APS pour les relations entre les deux pays au cours du XVIIe siècle.Pour ce qui est de l'intervention française, deux articles : NANTEUIL (DE) H., "Le duc de Vivonne et ses galères à l’expédition de Candie (1669)", Revue Historique des Armées, 1974 ( tome 1, n° 4), pages 7 à 31 et NOUZILLE J., " Une intervention extérieure au XVIIe siècle : l’expédition française de Candie (1669)", Revue Internationale d’Histoire Militaire, 1987 (68), pages 115 à 156.







Webs Alojadas en Tiempos Modernos: Ricardo Wall, El Ministro Olvidado (Por Diego Téllez Alarcia)

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Tiempos Modernos: Revista Electrónica de Historia Moderna
ISSN: 1699-7778



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